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Dieselgate : Opel rattrapé lui aussi par la justice


Les perquisitions chez Opel sont les dernières en date dans la multitude d'enquêtes lancées tous azimuts. (illustration AFP)

Le constructeur allemand Opel, filiale de PSA, s’est retrouvé lundi visé par l’enquête sur les moteurs truqués diesel, qui entache depuis 2015 l’image du secteur automobile allemand et pourrait forcer le constructeur à rappeler 100 000 voitures.

Dans le cadre d’une enquête pour fraude, la police allemande a mené des perquisitions au siège d’Opel à Rüsselsheim, près de Francfort, ainsi qu’à Kaiserslautern, a indiqué le parquet de Francfort. Le constructeur est accusé d’avoir « mis en circulation des voitures avec un logiciel illégalement manipulé », a déclaré une porte-parole, précisant que l’enquête faisait suite à une plainte de l’Agence fédérale de l’automobile KBA, tutelle du secteur auto allemand. La manipulation concernerait quelque 95 000 voitures en Europe, a ajouté le parquet, mais l’enquête ne vise pour l’instant aucun dirigeant en particulier.

Opel soutient que ses voitures « respectent les normes en vigueur » et déclaré « coopérer pleinement avec les autorités ». Filiale du géant français PSA depuis l’année dernière, le constructeur allemand est dans le viseur des autorités depuis juillet dans le cadre du scandale des moteurs diesel truqués. Le ministère allemand des Transports avait annoncé une « audition officielle contre Opel en ce qui concerne trois modèles (de la norme) Euro 6 » après l’identification par la KBA d’un logiciel « inacceptable » sur les modèles Cascada, Insignia et Zafira.

« Le rappel de près de 100 000 voitures est imminent », a indiqué lundi le ministère des Transports, affirmant qu’Opel « ralentit » l’audition. « La KBA a informé le parquet en avril des soupçons de présence de logiciels inacceptables chez Opel », a précisé un porte-parole du ministère.

Scandale à tiroirs

Les perquisitions chez Opel sont les dernières en date dans la multitude d’enquêtes de ce scandale à tiroirs dans lequel les constructeurs allemands n’en finissent plus de s’embourber depuis qu’il a éclaté en septembre 2015 chez Volkswagen. L’agence américaine de l’environnement avait d’abord accusé Volkswagen d’avoir équipé 11 millions de ses voitures diesels d’un logiciel capable de fausser le résultat des tests antipollution et dissimulant ainsi des émissions dépassant parfois jusqu’à 40 fois les normes autorisées.

Depuis, des enquêtes pour fraude, manipulation de cours de Bourse ou publicité mensongère contre des cadres de Volkswagen et ses marques Audi et Porsche, mais aussi de Daimler et de l’équipementier Bosch ont été ouvertes, donnant lieu à plusieurs perquisitions. Plusieurs hauts dirigeants de Volkswagen, dont l’ancien patron Martin Winterkorn, font l’objet de différentes enquêtes pour fraude, manipulation de cours de Bourse ou publicité mensongère. En juin, la justice allemande a placé en détention provisoire le patron d’Audi, filiale de Volkswagen, première incarcération d’un très haut responsable dans cette enquête tentaculaire. VW de son côté a mis fin à toutes les fonctions de l’ex-patron de la filiale Rupert Stadler début octobre.

Opel était jusqu’à présent relativement épargné de procédures judiciaires. En 2015, la KBA avait identifié « quatre logiciels soulevant des doutes quant à leur légalité », selon le ministère des Transports, et ordonné des mises à jour. Mais une première enquête contre le constructeur allemand avait été classée sans suite en 2017, rappelle l’agence allemande DPA. Elle concernait cependant « d’autres voitures et accusations » que les opérations effectuées lundi, note encore DPA.

En France, la maison-mère d’Opel, PSA, ainsi que Renault et le groupe américano-italien Fiat Chrysler sont visés par des enquêtes relevant du « dieselgate ».

LQ/AFP