Malmenée depuis des mois par d’incessantes rumeurs démenties en vain, l’action Sharp s’est effondrée ce lundi à la Bourse de Tokyo, les médias nippons affirmant que la multinationale allait procéder à une réduction de 99% de son capital pour revenir au niveau d’une PME et tenter d’éviter la faillite.
Le titre de ce fleuron national a fondu de 26,35% à la clôture, à 190 yens, après avoir dévissé de 31% en début de matinée, du jamais vu en plus de 40 ans: il ne pouvait pas tomber plus bas pendant la séance de ce lundi en vertu des règles du marché. Les investisseurs accordent la plus grande foi aux informations des médias qui étalent au grand jour les « plans à l’étude » chez Sharp, laquelle nie tout, sans pouvoir masquer la gravité de sa situation.
En mars déjà, l’agence de notation financière Standard & Poor’s avait décidé de dégrader sa note de trois crans, à « CCC+ ». « A l’heure actuelle, nous réfléchissons à diverses possibilités, y compris l’émission d’actions préférentielles ou la réduction de capital, mais rien n’a été décidé », a assuré Sharp ce lundi dans un bref communiqué.
Reste que les fuites, émanant soit de la firme elle-même, soit de ses banques, sont considérées comme suffisamment crédibles pour que les donneurs d’ordres se mettent à l’abri. Une telle décision de réduction de capital serait pour le moins inhabituelle pour une société de cette envergure qui totalise un chiffre d’affaires annuel de plus de 20 milliards d’euros.
Elle verrait en effet passer son capital actuel de 120 milliards de yens (890 millions d’euros) à 100 millions de yens (740.000 euros) ou moins, soit une diminution de quelque 99%, qui laisserait cependant intacts les droits de vote des actionnaires.
Concurrence sur le segment des smartphones et tablettes
Le but serait de faire revenir cette entreprise de renommée internationale dans une catégorie inférieure, où la pression fiscale est moins forte, et de lui permettre d’effacer des pertes. Ce procédé, s’il est effectivement envisagé par le groupe, doit cependant être approuvé par l’assemblée générale des actionnaires en juin.
La presse a récemment fait état d’informations selon lesquelles le gouvernement aurait fait pression sur les banques pour qu’elles évitent le naufrage de Sharp. Cette société traverse depuis des années une crise qui a épuisé plusieurs patrons après des réorganisations ou cessions d’activités qui n’ont pas suffi à remettre durablement l’entreprise d’aplomb.
Le groupe est plus particulièrement secoué par la concurrence sur le segment des écrans de smartphones et tablettes, son domaine d’excellence. D’autres acteurs de poids, dont des groupes asiatiques et son compatriote Japan Display, lui mènent la vie dure avec d’incessantes diminutions de prix.
AFP