La justice allemande a demandé mardi le renvoi devant les tribunaux de plusieurs dirigeants actuels et anciens du constructeur Volkswagen, qu’elle soupçonne d’avoir accordé des versements excessifs à de hauts représentants du personnel.
Le procureur de Brunswick a renvoyé devant le tribunal régional de la ville deux anciens membres du directoire ainsi que deux managers, l’un en poste et l’autre ancien, de l’entreprise pour des motifs de «fraude» et de «fraude dans une affaire particulièrement grave au détriment du groupe Volkswagen», énonce un communiqué du parquet.
Les accusés sont des anciens directeurs du personnel ou cadres dans les ressources humaines de Volkswagen, la marque phare du groupe éponyme. Ils se voient reprochés d’avoir versé «des salaires et des primes excessives» entre mai 2011 et mai 2016 à «plusieurs membres du comité d’entreprise», causant ainsi «une perte de plusieurs millions au groupe Volkswagen», ajoute le communiqué. En tout, cinq personnes ont été trop grassement payées par Volkswagen. Le montant du préjudice s’élève à 5,1 millions d’euros, dont 3,1 millions concernent la rémunération excessive perçue par «le patron du comité d’entreprise».
Une part variable qui pouvait atteindre… 750 000 euros !
Il s’agit de Bernd Osterloh, qui exerce cette fonction depuis 2005 et n’a jamais été poursuivi dans cette affaire. La justice reproche aux cadres de Volkswagen 29 cas de fraude aux dispositions en vigueur en Allemagne sur la rémunération des représentants du personnel. Dans cette affaire, Volkswagen s’est toujours rangée derrière des avis de conformité au droit qui lui ont été livrés par des juristes extérieurs au groupe. Mais fin 2017, alors que l’enquête suivait son cours, le constructeur avait annoncé qu’il allait désormais plafonner la rémunération des cadres de son comité d’entreprise.
Quand VW dégageait des bénéfices pléthoriques, soit avant l’éclatement de l’affaire «dieselgate» des moteurs diesels truqués en 2015, la rémunération de Bernd Osterloh incluant la part variable liée au bonus a pu atteindre 750 000 euros. Avec la refonte du système en 2017, son salaire plafonné s’élevait à 96 000 euros, contre 250 000 euros auparavant, a affirmé à l’époque l’intéressé. VW a déjà été le théâtre d’une ancienne affaire retentissante ayant mêlé l’ancienne direction du personnel, accusée d’avoir «acheté» le vote des représentants de salariés pour mener certaines restructurations.
AFP