Le PDG du conglomérat industriel japonais Toshiba, Hisao Tanaka, a démissionné mardi après avoir été nommément désigné parmi les responsables d’irrégularités dans la présentation des comptes pour un montant estimé à plus d’un milliard d’euros sur plusieurs années.
Deux de ses prédécesseurs, Norio Sasaki, aujourd’hui vice-président du conseil d’administration, et Atsutoshi Nishida, conseiller spécial, ont aussi décidé de quitter leurs fonctions pour les mêmes raisons, de même que cinq autres membres du conseil d’administration, a indiqué l’entreprise dans un communiqué. Le total correspond à environ la moitié du conseil.
« Nous présentons toutes nos excuses aux actionnaires et investisseurs pour les irrégularités comptables de 151,8 milliards de yens (1,1 milliard d’euros) sur les années 2008/2009 à 2013/2014 révélées dans un rapport d’un comité d’experts indépendants ainsi que pour la non-présentation des comptes de l’année 2014/2015 », a écrit Toshiba une demi-heure après la clôture de la Bourse de Tokyo.
Des excuses renouvelées « du plus profond de son coeur » par M. Tanaka lors de la conférence de presse qui a suivi. « C’est le plus grand tort causé à notre marque en 140 ans d’histoire », a-t-il déclaré, tout en se prosternant longuement selon un immuable rituel nippon.
Le dirigeant de 64 ans a cependant nié avoir ordonné à ses subordonnés de falsifier les comptes.
L’actuel président du conseil d’administration, Masashi Muromachi, qui n’a traditionnellement pas de rôle exécutif, va prendre « temporairement » les commandes du groupe. M. Muromachi avait enchaîné les postes de directeur général adjoint du groupe puis d’administrateur depuis le début des années 2000.
Toshiba doit désormais tout faire pour présenter mi-septembre ses comptes de 2014/2015, avant une assemblée générale extraordinaire des actionnaires qui devrait être appelée à valider la nomination d’un nouveau patron.
L’action du conglomérat s’est envolée mardi, gagnant 6,13% à 399,9 yens à la clôture, avant l’annonce de la démission de M. Tanaka, qui aurait eu du mal à se maintenir en place après les conclusions portées à son encontre par le comité d’experts indépendants.
« Nous avons mis au jour le fait que des irrégularités comptables ont été commises continuellement » et « cela a été fait sur des décisions de la direction », peut-on lire dans le rapport de cette instance ad hoc.
Dans le document de synthèse, M. Tanaka est personnellement accusé d’avoir demandé de différer des pertes, de même que son prédécesseur Norio Sasaki, 66 ans. Atsutoshi Nishida, qui était patron avant eux, est lui aussi considéré comme coupable des mêmes pratiques de pression sur des collaborateurs pour leur faire dissimuler de mauvais chiffres. En toute logique, devrait débuter sous peu une enquête, officielle cette fois, des autorités financières et boursières.
AFP