Après des négociations difficiles avec Delphi-Luxembourg (composants automobiles), l’OGBL a réussi à sauver quelques emplois, mais n’a pas pu éviter un plan social d’envergure au sein de l’équipementier américain implanté à Bascharage.
La nouvelle est amère du côté de l’OGBL, seul syndicat signataire de la convention collective de travail chez Delphi Luxembourg. Après plusieurs semaines de négociations “difficiles”, selon l’OGBL, un plan social impactant 243 personnes a été signé, soit le plus important plan social, pour le moment, de l’année.
“On ne cache pas notre colère, on parle tout de même de 243 personnes qui vont être licenciées progressivement en mars et à la fin de l’année prochaine. On a pu faire diminuer ce nombre avec nos moyens, c’est-à-dire avec le peu de ce que la loi nous permet de faire. Il n’y a pas de bonnes nouvelles et l’ambiance de travail reste mauvaise et difficile, notamment d’un point de vue psychologique pour les salariés. On déplore encore une fois que cette décision fût prise par des décideurs basés en dehors du Luxembourg” a expliqué Michelle Cloos, secrétaire centrale de l’OGBL.
Le syndicat a réussi à diminuer le nombre de licenciements prévus par Delphi en fin d’année dernière, faisant passer de 300 à 243 le nombre de salariés impactés. Il reste d’ailleurs des possibilités pour sauver encore quelques emplois. “Les salariés concernés par le plan social sont surtout des ingénieurs, mais il y a également des salariés travaillant dans les fonctions de support, en IT et en Ressources humaines. Il y a encore quelques possibilités de transfert en interne”, assure Michelle Cloos.
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Des départs volontaires pourraient également sauver quelques emplois. “Dans le cas d’un départ volontaire, un salarié n’étant pas concerné par le plan social, mais qui décide de partir, peut sauver un emploi si les compétences d’un autre salarié le permettent”, a précisé Michelle Cloos.
Enfin, dans le cadre du plan social, l’OGBL et les représentants du personnel ont négocié des mesures d’accompagnement sociales et financières en faveur des salariés licenciés. Parmi ces mesures, l’OGBL mentionne “une indemnité extra-légale forfaitaire à laquelle s’ajoute une indemnité liée à l’ancienneté et à la situation familiale, un budget permettant de réaliser un ‘outplacement’ et/ou une formation”.
5 plans sociaux en 10 ans
Ce plan social intervient dans le cadre d’une restructuration mondiale du groupe Delphi. La société américaine est active dans les composants automobiles et la gestion de l’énergie des moteurs, notamment essence et diesel, mais également électrique. Avec la transformation du secteur automobile, qui est en train de mettre beaucoup plus de moyens sur le développement des technologies électriques au détriment des technologies thermiques, les salariés de cette industrie payent le prix fort.
Concrètement au Luxembourg, la délocalisation quasi complète de la division «Fuel Injection System» et de la division composantes (PTP) vers d’autres sites, notamment vers Blois en France, aura comme conséquence la disparition de presque la moitié des emplois au Luxembourg d’ici la fin 2021 puisque pour le moment, Delphi emploie 514 salariés à Bascharage. Seule la partie E&E (Electronics and Electrification) restera au Grand-Duché au final.
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Installée au Luxembourg depuis 1971, Delphi n’en est pas à son premier plan social : la société a connu cinq plans sociaux sur les dix dernières années. Rappelons également que Dephi a pu bénéficier de subventions étatiques sur certains projets de recherche, ce qui interroge sur la pertinence d’accorder des subventions à une entreprise n’ayant jamais caché ses intentions, sur les dernières années, de couper dans ses effectifs.
« Décision brutale »
L’OGBL, qui encore une fois de cache pas sa colère, a pointé du doigt que “ce type de décision brutale soit prise par des responsables au niveau global qui ne participent aucunement aux négociations au Luxembourg. L’OGBL est particulièrement inquiet de cette diminution constante et importante de l’emploi et exigera des engagements et des réponses claires du futur repreneur BorgWarner – une reprise qui n’a d’ailleurs pas manqué de surprendre toutes les parties signataires pendant les négociations”.
En effet, il y a quelques semaines, BorgWarner a annoncé avoir trouvé un accord pour racheter l’équipementier américain pour 1,36 milliard d’euros. Un rachat qui n’a pas arrêté la restructuration au Luxembourg. “Là encore, on pense que Delphi a fait un mauvais choix : poursuivre dans son désir de licencier sans connaître la stratégie du futur acquéreur BorgWarner” a pesté Michelle Cloos.
Cette dernière prendra contacte, dans les prochaines semaines, avec BorgWarner, une société allemande qui va découvrir le Luxembourg cette année.
Jeremy Zabatta