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Data center à Bissen : « Aucun traitement de faveur pour Google »


L'installation de Google au Luxembourg ressemble à un immense puzzle dont les pièces ne peuvent pas encore être assemblées. (illustration AFP)

Alors que les uns redoutent que le data center du géant américain, prévu à Bissen, saigne le pays à blanc, le gouvernement martèle que seule l’issue des procédures déterminera si le projet deviendra réalité ou pas.

L’implantation de Google au Luxembourg reste une saga. Mercredi, la Chambre s’est déchirée sur ce projet d’envergure, même si les positions des uns et des autres ne sont pas trop éloignées. Le CSV avoue ainsi d’entrée qu’il «n’est pas contre Google». «On n’a ni phobie ni euphorie au sujet de ce projet», souligne Martine Hansen. La cheffe de fraction estime toutefois qu’il est «légitime» de poser toute une série de questions sur les «précieuses terres arables» acquises par Google, une consommation d’énergie «qui correspond au double de celle de tous les ménages du pays» et un besoin en eau risquant de mettre le pays à sec.

«Où est la limite ?», s’interroge en toute fin d’un débat musclé Michel Wolter, pour une fois sorti de son mutisme. «On a besoin d’une stratégie claire, basée sur des faits, qui fait sens en termes de croissance qualitative», complète une Martine Hansen très remontée.

« On reste dans un État de droit »

L’ADR et son député Gast Gibéryen accusent la majorité de «vouloir enfumer» la Chambre et les citoyens. Même les pirates, nés pour créer un monde plus numérique, se montrent très critiques. «La digitalisation ne se limite pas à la construction de data centers. En termes d’emplois, il s’agit d’une goutte d’eau sur une pierre brûlante, nécessitant toutefois un océan de ressources», note Sven Clement. Marc Baum (déi Lénk) se dit «fortement alarmé» sur le «manque de transparence et de démocratie» prévalant dans ce dossier.

Pour résumer, la question posée par l’opposition est la suivante : Google va-t-il saigner le pays à blanc ? La réponse de la majorité est que le seul élément qui puisse apporter une réponse est le projet concret que Google compte réaliser sur les 35 hectares acquis à Bissen. «On reste dans un État de droit. Il existe des règles claires que tout le monde doit respecter», rétorque Georges Engel (LSAP).

«Il n’y aura aucun traitement de faveur pour Google. Il est vrai que le besoin en eau pourrait poser problème, mais attendons les conclusions des procédures avant de trancher», souligne Max Hahn (DP). Même déi gréng et Henri Kox estiment qu’il faut profiter de l’ «opportunité» que Google représente pour le pays. «On est prêts à s’engager sur ce chemin si les critères de protection de l’environnement sont respectés», conclut-il.

Première étude en avril

Selon la version officielle prônée par le gouvernement, il «faut rester patient». «Je dois avouer que Google se montre un brin trop timide dans sa communication», précise toutefois le ministre de l’Économie. Rien ne serait pourtant laissé au hasard. «Je dois formellement m’opposer aux reproches selon lesquels le gouvernement ment à la population.Croyez-moi ou pas, mais on n’a pas encore de projet concret entre les mains», lance Étienne Schneider. «Je reste favorable à ce projet, car il entre dans notre stratégie pour digitaliser notre économie. Par contre, cela ne veut pas dire que je vais aveuglement autoriser ce data center. Les procédures doivent être respectées.»

Aucun nouveau différend n’est en vue avec le partenaire de coalition que sont déi gréng. La ministre de l’Environnement et le ministre de l’Énergie ont suivi leur collègue de l’Économie dans son argumentation. «La procédure est en cours. On devrait pouvoir publier en avril la première étude d’impact sur l’environnement», annonce Carole Dieschbourg. Elle dit compter sur Google pour «miser sur les plus récentes technologies» afin d’assurer le refroidissement des serveurs et la consommation d’énergie.

Quoi qu’il en soit, il faudrait attendre le reclassement définitif du terrain et le dépôt du projet de Google pour voir plus loin. «Restez sérieux !», finit par balancer Claude Turmes à l’adresse de l’opposition. «Ce dossier n’est pas encore clos», prévient en retour Michel Wolter.

Une chose est sûre : si le centre de données devient réalité, le débat sur le projet nécessitera une bonne partie de la mémoire des serveurs qui y seront installés…

David Marques

Un commentaire

  1. « Saigner le pays à blanc »? Il ya des gens qui fument je ne sais quel herbe hallucinogène. L’eau de refroidissement doit pouvoir être recyclée et l’électricité peut être achetée, pour pas cher, chez les français.