Mais qui est donc CRRC ? La taille et l’ambition de ce géant chinois, numéro un mondial du ferroviaire, ont joué un grand rôle dans le projet de mariage européen, désormais menacé, entre Alstom et Siemens.
La China Railroad Rolling Stock Corporation (CRRC) est née fin 2014 du rapprochement orchestré par Pékin entre CNR et CSR, deux conglomérats contrôlés par l’État et produisant wagons et locomotives pour le réseau ferroviaire chinois. Leur fusion était destinée à faire naître un mastodonte du rail capable d’exporter encore davantage les technologies chinoises de chemin de fer à l’international, tout en mettant un terme à la concurrence des deux entreprises dans le pays comme sur les appels d’offres à l’étranger.
Le nouveau groupe, basé à Pékin, a été coté à Shanghai et Hong Kong en 2015. Selon son site internet, CRRC compte 46 filiales et plus de 180 000 employés. Il s’appuie sur un gigantesque marché intérieur, la Chine ayant en quelques années construit le plus grand réseau de trains à grande vitesse du monde et continuant à équiper ses nombreuses métropoles de dizaines de lignes de métros nouvelles. CRRC a réalisé en 2017 près de 26 milliards d’euros de chiffre d’affaires quand les « trois grands » occidentaux, Bombardier Transport, Siemens Mobility et Alstom étaient autour des 8 milliards. Le groupe dit être « le plus grand fournisseur mondial d’équipements pour le transport ferroviaire avec les gammes de produits les plus complètes et des technologies de pointe », exportant vers 102 pays.
Réelle menace ?
On ne voyait d’ailleurs que lui à la dernière édition d’InnoTrans, le grand salon du ferroviaire de Berlin, avec un énorme stand futuriste. CRRC présentait par exemple un train de marchandises interurbain ressemblant à un TGV, capable de rouler à 250 km/h, un train grandes-lignes modulable ou une rame de métro ultra-légère en fibre de carbone. En quelques années, le groupe chinois s’est imposé sur la scène internationale, en ouvrant des usines ici et là, plaçant des locomotives, des trains ou des métros de Boston à Philadelphie en passant par Buenos Aires, Le Caire, Istanbul, Lagos ou Los Angeles, en Angola, au Brésil, au Chili, au Costa Rica, en Inde, en Jamaïque, en Mongolie, en Nouvelle-Zélande…
S’il n’a pas réussi à racheter le constructeur tchèque Skoda – ce qui lui aurait offert un ancrage sur le vieux continent -, CRRC a réussi à gagner quelques contrats en Serbie, en Macédoine ou en République tchèque. Il a aussi vendu quelques wagons de maintenance au métro de Londres et quatre locomotives à la Deutsche Bahn allemande. La réalité de la « menace chinoise » fait toutefois débat. Bombardier, le grand rival canadien d’Alstom et Siemens – dont les activités ferroviaires sont basées à Berlin – soutient notamment que la concurrence de CRRC n’est pas si terrible, et qu’un bon produit répondant bien aux besoins du client peut encore faire la différence.
LQ/AFP