L’Association des banques et banquiers Luxembourg (ABBL) s’est dite contente des résultats 2016 du secteur. Mais s’inquiète toutefois de l’augmentation des coûts et des pertes d’emplois sur la place financière.
Yves Maas, le président de l’Association des banques et banquiers Luxembourg, et Serge de Cillia, son CEO, se sont montrés satisfaits des bons résultats « consolidés » des banques de la Place. Elles ont affiché un produit bancaire en hausse de 7 % et un résultat avant provisions et taxes, en hausse de 14,9 %.
« Cette augmentation s’explique avant tout par une transaction exceptionnelle d’un établissement de crédit. Hors opération exceptionnelle, cette hausse aurait été limitée à 1,5 % », a justifié Serge de Cillia. Autre indicateur soulignant la bonne santé de la place financière luxembourgeoise : la marge d’intérêt est de 4,7 milliards d’euros, en hausse de 5,3 % entre décembre 2015 et 2016. Une hausse qui concerne un peu plus de la moitié des banques malgré des revenus de commissions en baisse de 2,3 %, principalement générés par les métiers de la gestion d’actifs pour privés et institutionnels qui ont connu un contexte boursier moins favorable au premier semestre 2016. À noter que les frais de personnel ont connu une augmentation de 0,1 % entre fin 2015 et fin 2016.
L’ABBL a souligné, une nouvelle fois, l’impact pesant du coût réglementaire sur les banques.
Un coût réglementaire toujours pesant
« Les autres frais généraux sont en augmentation annuelle de 2,4 %, ce qui s’explique par des investissements nécessaires dus aux nouvelles réglementations. D’ailleurs, je rappelle que dans une récente étude sur le sujet, réalisée en collaboration avec le cabinet d’audit EY, nous estimons que le coût de la réglementation est équivalent à 1 % du PIB du Luxembourg. Les banques mobilisent près de 3 300 personnes dans des fonctions liées à la réglementation », a expliqué Serge de Cillia. Le sujet du coût réglementaire est devenu récurrent ces dernières années.
Pourtant, ces nombreuses obligations ont pour but de rendre plus robustes les institutions bancaires. Et au regard des résultats financiers des banques, généralement en croissance, il est de plus en plus difficile de comprendre la plainte récurrente des professionnels du secteur. « Effectivement, la réglementation a pour but de solidifier les banques. Mais à un moment, trop c’est trop. Il faut aussi regarder le problème dans sa globalité dans un contexte où, par exemple, les États-Unis sont en train d’envisager d’assouplir la chape réglementaire. Nous devons réussir à rester compétitif, et trop de réglementation pourrait alors, au final, nous être défavorable», a indiqué Yves Maas.
Une perte nette de 1 207 emplois
L’ABBL s’est également attardée sur l’évolution de l’emploi bancaire de la place. « Depuis 2008, 2 607 emplois ont été perdus et 1 400 emplois ont été créés. La perte d’emploi nette est donc de 1 207 emplois », s’est inquiétée l’association. Pour l’expliquer, l’ABBL a mentionné un changement dans les profils recherchés par les banques. « Les banques embauchent de plus en plus de personnes ayant une formation supérieure à bac+3. En outre, certaines fonctions sont en train de disparaître. Ces phénomènes s’expliquent par un changement du paysage bancaire européen et national. Nous assistons ces dernières années à une consolidation du modèle European Hub dans lequel des compétences sont concentrées, essentiellement dans un souci de réduction des coûts, dans un centre du réseau d’une banque. Suite aux nouvelles règles de supervision et de fonds propres, beaucoup de banques ont simplifié leur structure en transformant leurs filiales en succursales», a expliqué Yves Maas.
Ce constat a amené l’ABBL à prendre la mesure de l’impact social de cette évolution. « Tous ces changements sont notables et doivent se refléter dans le nouveau cadre de la convention collective des employés de banque qui est actuellement négociée avec les partenaires sociaux. Les quatre groupes de travail mis en place le font de façon engagée et constructive.» Interrogé sur l’avancement des négociations, qui selon l’OGBL se déroulent très (trop) lentement, Yves Maas a tenu à clarifier la situation : « Nous voulons la même chose et nous avançons aussi vite que possible .» Serge de Cillia a ajouté : « Nous privilégions la qualité à la rapidité .»
Jeremy Zabatta