Pour l’heure, l’économie luxembourgeoise ne souffre pas significativement de la crise du coronavirus, même si celle-ci arrive à un moment de ralentissement économique.
Selon le Statec, si le coronavirus représente une menace susceptible d’amputer significativement l’activité mondiale, européenne et nationale à court terme, il est encore «trop tôt pour déceler un éventuel effet de l’épidémie du virus sur les chiffres d’exportations et d’importations du Luxembourg».
En se focalisant sur la Chine, il est à noter que l’empire du Milieu n’est pas un partenaire économique privilégié du Grand-Duché. Dans un document publié hier, le Statec souligne qu’en 2018 «le marché chinois représentait environ 1 % des exportations totales de biens et de services du Luxembourg. Cette part monte à 2 % si l’on inclut également Hong Kong avec lequel le Luxembourg échange principalement des services financiers».
L’aérien luxembourgeois impacté
Dans le détail, les exportations de marchandises du Luxembourg vers la Chine sont constituées essentiellement de produits issus de la métallurgie (25 %), de machines-outils (20 %), de produits en plastique et caoutchouc (15 %) et de matériel de transport (10 %). À l’exportation, la Chine n’est que le 14e pays partenaire du pays.
Par contre, de manière indirecte, les conséquences de l’épidémie en Chine peuvent être plus importantes sur l’économie grand-ducale. La Chine est un acteur majeur dans l’économie mondiale depuis plus d’une vingtaine d’années. Par conséquent, un ralentissement de l’économie chinoise impactera d’autres économies qui elles disposent de relations économiques plus marquées avec le Luxembourg. C’est le cas de l’Allemagne, qui est le premier partenaire du Grand-Duché, tant à l’importation qu’à l’exportation.
Mais pour l’heure, le Statec signale qu’à la vue des derniers indicateurs économiques, le Luxembourg et son économie ne montrent pas de signes majeurs d’inquiétude.
Pour le moment, seul Cargolux semble ressentir un réel impact en lien avec les évènements chinois, tout comme Luxair, a l’image de l’ensemble du secteur aérien en Europe. La compagnie aérienne luxembourgeoise a déjà affirmé que de nombreux passagers avaient décidé d’annuler ou de reporter leurs voyages. Luxair a pour le moment maintenu l’ensemble de ses vols mais n’a pas caché qu’elle pourrait être amenée à réduire le nombre de rotations avec certaines villes sur le continent. D’un point de vue comptable, Luxair s’attend d’ores et déjà à subir un contrecoup financier l’obligeant à puiser dans ses économies afin de faire face à une année 2020 déjà qualifiée de «difficile» par la compagnie.
Un virus qui arrive au mauvais moment
De son côté, si pour le moment le Statec n’évoque pas d’impacts significatifs sur l’économie luxembourgeoise en lien avec le coronavirus, l’institut statistique souligne tout de même que cette nouvelle crise mondiale arrive à un moment où les économies de la zone euro sont dans une phase de ralentissement depuis 2018. Une phase qualifiée de «moins dynamique» en raison notamment de la pas si lointaine guerre économique entre les États-Unis et la Chine. De plus, le Statec précise que les créations d’emplois au Luxembourg étaient également dans une phase de ralentissement l’année dernière même si des éléments exceptionnels comme l’ouverture de plusieurs nouvelles surfaces commerciales de taille importante, comme le Cloche d’or, le Royal-Hamilius ou l’Infinity au Kirchberg, ont su soutenir la création d’emplois.
Un scénario de crise hypothétique
Dans un exercice de projections à moyen terme, le Statec a repris un scénario hypothétique de récession globale débutant dans la première partie de l’année en se basant sur des hypothèses établies par Oxford Economics. Ce scénario de crise aggravée, encore une fois très hypothétique, prévoit une forte baisse de l’économie globale en 2020, suivie par une reprise modérée et graduelle à partir de 2021. Le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro perdrait ainsi 2,5 points de pourcentage de croissance en 2020 et 2021 en cumul, l’Eurostoxx chuterait de plus de 10 % en 2020.
En se focalisant sur le Grand-Duché, un tel scénario serait comparable au choc négatif subi par le Luxembourg lors de la crise des dettes souveraines en zone euro en 2012/2013, réduisant la croissance du PIB national à 0,7 % en 2020 et 1,7 % en 2021. Les exportations de biens et de services non financiers, quant à elles, perdraient de 3 à 5 % en cumul sur ces deux années. Sur le marché du travail, le scénario de récession globale réduirait la croissance de l’emploi total à 2,5 % en 2020 et à 2 % en 2021, représentant une perte cumulée de 1,3 % sur les deux ans.
Enfin, il est a noté que pour le moment, aucune entreprise luxembourgeoise n’a fait de demande de chômage partiel à la suite d’une baisse d’activité en lien avec le coronavirus.
Jeremy Zabatta