Accueil | Economie | Concurrencé par Threads, Elon Musk s’ouvre sur les difficultés de Twitter

Concurrencé par Threads, Elon Musk s’ouvre sur les difficultés de Twitter


(Photo : AFP)

Twitter a vu chuter de moitié ses revenus publicitaires, selon son propriétaire Elon Musk, très direct sur les difficultés de l’entreprise qu’il a rachetée pour 44 milliards de dollars, aujourd’hui menacée par l’arrivée d’un réseau concurrent lancé par Meta.

Ces chiffres ont été livrés samedi par le milliardaire dans un tweet en réponse aux suggestions stratégiques d’une utilisatrice. « Nous sommes toujours en situation de flux de trésorerie négatif, à cause d’une chute d’environ 50 % des revenus publicitaires et de la lourde charge de la dette », a-t-il dit. Il n’a pas précisé en combien de temps cette baisse était intervenue. « Nous devons parvenir à un flux de trésorerie positif avant d’avoir le luxe de faire quoi que ce soit d’autre », a-t-il ajouté.

Il était de notoriété publique que le groupe avait vu ses comptes se dégrader rapidement, même s’il n’a plus l’obligation de les publier après être sorti de la cote à la Bourse de New York en novembre. Les changements dans le fonctionnement de ce réseau social depuis sa prise de contrôle par Elon Musk ont mécontenté utilisateurs et annonceurs, lui faisant perdre de l’audience.

L’une des décisions emblématiques a été de rendre payante et accessible à n’importe quel utilisateur la coche bleue qui jusque-là certifiait les comptes fiables. Le résultat a été de rendre Twitter plus confus, avec des comptes payants promus par l’algorithme qui sont détenus par des anonymes, et/ou montés en vue de répandre de fausses informations.

En mai, le cabinet Insider Intelligence affirmait que Twitter était parti pour gagner moins de 3 milliards de dollars en 2023, presque un tiers de moins qu’en 2022.

Menace

Le milliardaire a fait d’autres annonces qui ont déplu, comme début juillet son intention de restreindre – officiellement à titre provisoire – la lecture de tweets à 10 000 par jour pour les comptes payants, à 1 000 pour les autres et même à 500 pour les nouveaux comptes. Le but est de limiter l’action des « bots » (comptes exploités par des ordinateurs), mais les utilisateurs plus actifs devraient pâtir de ces limitations.

Quelques jours plus tard, nouvelle annonce qui déstabilisait des fidèles de Twitter: l’application TweetDeck, très prisée des professionnels de l’information, allait être réservée aux comptes payants à partir d’août.

De plus en plus d’internautes sont convaincus de l’opportunité de migrer vers un concurrent, Threads, lancé le 5 juillet par Meta, maison mère de Facebook. En cinq jours, sans pouvoir être proposé dans l’Union européenne pour des raisons juridiques, il atteignait 100 millions d’utilisateurs.

En début d’année, l’application d’intelligence artificielle ChatGPT, créée par OpenAI, avait mis deux mois pour atteindre ce seuil d’utilisateurs actifs. Selon les estimations de la société d’analyse de données Quiver Quantitative, Threads comptait samedi 112 millions d’utilisateurs. Pour le cabinet Data.ai, le seuil de 150 millions a déjà été dépassé, avec l’Inde en tête.

Threads est perçu comme menaçant rien moins que l’existence de Twitter, qui réunit entre 200 et 350 millions d’utilisateurs actifs en fonction des estimations. Meta peut en effet compter sur les synergies avec Instagram, qui compte quelque deux milliards d’utilisateurs actifs.

Threads, qui n’accueille pas de publicité pour l’instant, ressemble tellement à son rival à l’oiseau bleu qu’Elon Musk, via l’avocat de la maison mère de Twitter, X Corp, a écrit à Meta qu’il le soupçonnait de lui avoir volé des secrets industriels et d’enfreindre le droit de la propriété intellectuelle.

La maison mère de Facebook, avec à sa tête Mark Zuckerberg, est notamment accusée d’avoir recruté « des dizaines » d’anciens de Twitter, lit-on dans cette lettre publiée par le site internet d’information Semafor. Meta, qui a démenti ces accusations, réserve quant à lui la coche bleue aux comptes qu’il juge fiables, sans exiger d’abonnement payant.