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Commerzbank : le nouveau patron veut amplifier le virage numérique


Commerzbank devenir "la banque numérique de conseil pour l'Allemagne", a déclaré Manfred Knof, son nouveau PDG. (pgoto AFP)

Commerzbank promet un retour dès cette année à la rentabilité et voit son salut dans l’accélération du virage numérique, après une année 2020 déficitaire en raison de la pandémie et du lancement d’une vaste restructuration.

« La croissance à tout prix n’est plus une option pour Commerzbank », et « la rentabilité passe avant tout », a martelé le nouveau PDG de Commerzbank, Manfred Knof, lors d’une conférence de presse. Il prend le contrepied de son prédécesseur, Martin Zielke, qui avait engagé avec un certain succès une course aux gains de clientèle mais sans parvenir à doper la rentabilité, ce qui l’a poussé au départ sous la pression d’investisseurs mécontents.

Centrée sur ses clientèles de particuliers et de PMI-PME, l’établissement veut en outre devenir « la banque numérique de conseil pour l’Allemagne », a ajouté Manfred Knof, ce qui va passer par des liens resserrés avec sa filiale bancaire en ligne Comdirect. Après un solde négatif de 233 millions d’euros en 2020, le résultat opérationnel doit redevenir positif en 2021 et grimper à 2,7 milliards d’euros en 2024. La reprise des paiements de dividendes par la banque détenue à 16 % par l’État est prévue pour l’exercice 2023.

Ces annonces n’ont pas enthousiasmé le marché, le titre Commerzbank perdant en fin de matinée, ce jeudi, 6,52 % à 5,07 euros, bon dernier dans un MDax des valeurs moyennes en hausse de 0,80 %.

Commerzbank « doit rester indépendante, c’est ma mission et c’est ce que nous demandent nos clients », a assuré Manfred Knof, alors que la fragilité de la banque ne la met pas à l’abri d’un rachat par un concurrent. « En mettant en oeuvre notre stratégie de façon conséquente, nous atteindrons un rendement net des capitaux propres d’environ 7 % en 2024 », a déclaré Bettina Orlopp, directrice financière de Commerzbank.

Réduction de coûts 

Toutefois il n’est prévu qu' »une croissance modérée du côté des recettes d’ici 2024″, a ajouté Bettina Orlopp. L’établissement a confirmé jeudi avoir essuyé en 2020 sa première perte annuelle depuis la crise financière de 2009, proche de 2,9 milliards d’euros, comme indiqué il y a une semaine.

Elle avait annoncé en même temps la suppression brute de 10 000 postes – sur près de 40 000 – et la fermeture de 340 agences (sur 790) d’ici 2024. La banque prévoit par ailleurs de créer environ 2 500 postes à temps plein pour réduire sa dépendance à des prestataires externes. Commerzbank compte fermer 190 agences dès cette année tandis que « plus de 80 % des suppressions d’emplois devraient être mises en oeuvre d’ici fin 2023 », selon le communiqué.

La voilure va être réduite à l’international, en se retirant de 15 implantations à l’étranger.

L’ensemble des coûts doit in fine baisser de 20 % d’ici 2024, moyennant 1,8 milliard d’euros de frais de restructuration, dont 900 millions restent à provisionner en 2021. La banque a par ailleurs mis 1,8 milliard d’euros de côté en 2020 pour se couvrir contre le risque d’impayés, dont un milliard était lié à la pandémie. Ce poste va encore peser en 2021 si bien qu’une normalisation n’est attendue qu' »à partir de 2022 pour un niveau proche de 700 millions d’euros », selon Bettina Orlopp.

AFP/LQ