Plusieurs dizaines d’ONG ont appelé lundi les députés européens à ne pas ratifier l’accord de libre-échange entre l’UE et le Vietnam, où « la situation des droits humains et du droit du travail » continue, selon elles, « d’être préoccupante ».
Les eurodéputés doivent se prononcer mercredi, lors d’un vote en séance plénière à Strasbourg, sur ce texte, signé fin juin 2019 à Hanoï, qui doit permettre de supprimer 99% des droits de douanes sur les biens échangés entre l’UE et le Vietnam. Mais les 68 ONG, dont Friends of the Earth, Foodwatch, Attac ou Emmaüs International, estiment dans une déclaration commune que l’accord ne répond pas « aux défis urgents auxquels l’UE et le Vietnam sont confrontés aujourd’hui: la réduction des inégalités, la promotion du développement soutenable et la lutte contre les dérèglements climatiques ».
« Contrôlé par un parti unique, le Vietnam n’offre pas de garanties suffisantes en matière de respect des libertés publiques », écrivent ces organisations. « La répression policière et politique touche particulièrement les défenseurs des droits humains, de l’environnement et toutes celles et ceux qui critiquent le régime. » En 2020, interrogent-elles, « peut-on encore ratifier des accords de commerce avec des pays qui ne respectent pas les droits humains et sociaux et qui ne respectent pas les libertés fondamentales ? (…) Peut-on encore ratifier des accords de commerce qui concourent à approfondir la mondialisation des échanges et l’aggravation des émissions de gaz à effet de serre et la crise écologique ? ».
Un marché important
L’accord inclut des règles sur les conditions de travail, le respect de l’environnement et de la propriété intellectuelle, dans ce pays d’Asie du Sud-Est en pleine croissance, qui sert d’atelier de production pour de nombreuses marques occidentales, notamment dans l’électronique et la confection. « En cas de violation des droits de l’homme, l’accord commercial peut être suspendu », souligne par ailleurs le Parlement européen.
Avec ce texte, dont les négociations ont été conclues en décembre 2015, l’UE espère consolider sa place au Vietnam, marché de plus de 95 millions de consommateurs, dont elle est l’un des principaux partenaires commerciaux. Les deux parties échangent chaque année pour près de 48 milliards d’euros de biens et 4 milliards dans les services, largement au désavantage des Européens. Le Vietnam, membre de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean), exporte surtout vers l’UE des équipements de télécommunication, du textile et les produits alimentaires. Cet accord s’accompagne d’un deuxième accord de protection des investissements, qui devra lui être ratifié par l’ensemble des parlements nationaux de l’UE pour entrer en vigueur.
AFP/LQ