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Climat : le fonds qui fait pousser des mangroves


La ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, a fait le bilan du Fonds climatique international et présenté la nouvelle stratégie pour 2021-2025. (photos Hervé Montaigu)

Le Fonds pour le financement climatique international (FCI) est doté de 200 millions d’euros pour la période 2021-2025. Avec la précédente enveloppe, de beaux projets ont été réalisés. Exemples.

Lundi 26 juillet, le monde entier célébrait la journée internationale pour la Conservation de l’écosystème des mangroves. Le monde entier ? Non, ils sont peu nombreux à avoir marqué le coup. Le hasard a voulu, cependant, qu’au Grand-Duché, la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, organise ce jour-là précisément une conférence de presse pour présenter ses orientations en matière de financement international pour le climat créé en 2017.

Une coïncidence qui n’échappe pas à Stéphane Van Haute, de l’association Friendship qui s’est engagée depuis 2018 dans un programme de reforestation des mangroves dans le sud-ouest du Bangladesh, pays considéré comme l’un des plus vulnérables face au changement climatique. Si le gouvernement s’est engagé à soutenir l’action climatique dans les pays en développement, ce n’est pas sans partenaires privés et ONG qui réalisent les projets sur place et assurent une partie du financement. De son côté, le gouvernement dispose du Fonds pour le financement climatique international qui répond aux objectifs et principes de l’accord de Paris, adopté en décembre 2015. Ce fonds permet aux pays les moins avancés de mettre en œuvre des mesures d’adaptation et d’atténuation appropriées et représente un objectif spécifique de la stratégie de financement du climat du Luxembourg.

Friendship, comme d’autres, a rempli toutes les conditions pour être éligibles à l’aide de l’État. En moins de deux ans, l’association a mis en place les plus grandes pépinières privées de jeunes plants d’arbres de mangroves et est déjà le plus grand planteur privé de mangroves dans le district de Satkhira.

Pourquoi les mangroves ? Parce que ces écosystèmes sont des barrières contre les catastrophes climatiques. «Elles brisent les vagues et freinent l’érosion des berges», indique Stéphane Van Haute. Mais pas seulement. Elles protègent les vies, aussi, fournissent des ressources aux communautés locales et elles stockent du carbone en grande quantité.

Des tonnes de CO2 évitées

Le changement climatique affecte de plus en plus les milieux naturels (mangroves, glaciers, récifs coralliens, atolls, forêts tropicales…), les ressources en eau pour l’agriculture et les hommes, les zones côtières et les systèmes marins. Lundi, il n’a pas seulement été question de mangrove mais également de forêt tropicale avec l’association Rainforest.lu qui œuvre au Costa Rica pour la création d’un corridor vert entre deux réserves naturelles et protégées, car la biodiversité ne peut être maintenue dans des aires isolées. Il faut que ces réserves communiquent entre elles, reliées par un corridor, pour rétablir le bon fonctionnement de l’écosystème.

Autre partenaire présent lundi à la conférence de presse, la Banque européenne d’investissement (BEI) via la plateforme du financement climatique créée en 2017. À ce jour, la plateforme a investi dans quatre fonds aux côtés de la BEI. Le fonds Green for Growth Fund (GGF) investit essentiellement dans des mesures qui réduisent la consommation d’énergie, l’utilisation des ressources et les émissions de CO2. À titre d’exemple, l’impact de ce fonds a permis d’éviter un million de tonnes d’émissions de CO2 ou 365 000 tonnes de déchets.

Un autre fonds soutenu : l’Access to Clean Power Fund. Il permettra de donner l’accès à l’énergie à quelque 200 millions de personnes.

Le gouvernement continuera à privilégier les partenariats public/privé. Le FCI était doté d’un budget de 120 millions d’euros pour la période 2014-2020, dont 35 millions pour le Green Climate Fund et 12 millions pour les ONG. L’enveloppe dédiée au FCI s’élève à 200 millions pour la prochaine période 2021-2025.

Geneviève Montaigu

Nouvelle stratégie

L’accent est mis sur la mobilisation du capital privé pour la protection du climat. Différents types de financement sont possibles.

Fin 2019, le Conseil de gouvernement a chargé le ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable (MECDD) de réviser la méthodologie d’attribution du FCI public et d’analyser de quelle manière de nouveaux modèles de partenariat, en particulier avec le secteur privé, peuvent mobiliser des moyens supplémentaires.

La stratégie FCI vise une répartition équilibrée entre les activités d’adaptation ou d’atténuation du changement climatique et favorisera des actions intégrées pour le climat et la réduction de la pollution dans les pays en développement. Les projets seront répartis autour de thèmes prioritaires, comme le capital naturel et la biodiversité, la gestion efficace des ressources, la finance durable et la résilience au niveau des communautés.

L’accent est mis sur la mobilisation de capital privé pour la protection du climat, pour lequel différents types de financement seront désormais possibles. Des instruments publics-privés («blended») au-delà de subventions directes pourront être explorés davantage, comme investissements indirects par intermédiaires, des investissements directs ou encore des garanties.

Une attention particulière est par ailleurs accordée aux thèmes du genre et des droits de l’homme, de même qu’à la migration climatique. La stratégie apporte aussi des clarifications en matière de sauvegardes environnementales et sociales et inclut une liste d’exclusion.

Le Luxembourg est devenu une base essentielle pour le développement et la gestion de nouveaux instruments financiers et de fonds d’investissement contribuant au financement climatique, combinant aussi des éléments de conservation et restauration du «capital naturel» — écosystèmes et ressources naturelles— avec des approches qui favorisent les communautés locales, la microfinance et des formats d’investissement alternatif et durable. Avec sa contribution au financement pour le climat, le gouvernement du Luxembourg aura pour objectif de réduire les obstacles à l’investissement, de clarifier les opportunités d’investissement et d’encourager une action renforcée dans le but de créer et de fournir des outils financiers à long terme, indique le ministère de l’Environnement.

G.M

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