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Clap de fin pour le Boeing 747, qui a démocratisé le voyage aérien


Il a permis à des centaines de millions de voyageurs de découvrir le monde à des tarifs abordables grâce à l'essor des vols "charters". (illustration AFP)

Le Boeing 747, dont la production va s’arrêter en 2022, est un avion mythique qui a révolutionné le voyage aérien et le tourisme. Mais le temps du « Jumbo Jet », quadriréacteur gourmand en kérosène, était compté face à la concurrence de biréacteurs modernes.

Né en 1969, en même temps que le Concorde, le 747 est un succès commercial sans précédent : au total 1 571 exemplaires ont été commandés depuis l’origine, dont 1 556 ont été livrés. Il a surtout permis à des centaines de millions de voyageurs de découvrir le monde à des tarifs abordables grâce à l’essor des vols « charters », configurés en sièges tout économiques, transportant plusieurs centaines de passagers à la fois vers des destinations de vacances.

Pendant 35 ans, le 747 a officié dans le monde sans partage, jusqu’à l’arrivée, en 2005, du Super Jumbo A380 du grand rival européen Airbus. Le 747 doit sa naissance à Juan Trippe, patron visionnaire de la compagnie Pan Am, aujourd’hui disparue, qui dès le début des années 60 est persuadé que le transport aérien, et en particulier les liaisons transocéaniques, vont exploser.

Né d’une partie de pêche

L’histoire raconte que c’est lors d’une partie de pêche en Alaska qu’il arrive à convaincre son ami et patron de Boeing à l’époque, Bill Allen, de lui construire un avion deux fois plus gros que le 707. « Si tu as le culot de le construire, je te l’achète ! », lui aurait-il lancé en forme de défi. Quelques années plus tard, le 747, surnommé aussi « reine des ciels », prend son envol.

Reconnaissable entre tous par sa « bosse » à l’avant du fuselage, il peut transporter plus de 600 passagers, selon les versions. Il dispose d’un double-pont – le pont supérieur servant de première classe – et de quatre réacteurs : son point faible, à l’heure de la protection de l’environnement et de la réduction des coûts. « Étant donné la dynamique actuelle du marché et des perspectives, nous arrêterons la production de l’emblématique 747 en 2022 », a annoncé le directeur général de l’avionneur David Calhoun dans un message adressé aux employés. « 50 ans et 8 versions. C’est un beau parcours ! », résume Michel Merluzeau, expert aéronautique chez Air Insight Research. « Mais ses jours étaient comptés, et ce bien avant la crise du Covid-19 », dit-il, soulignant que l’avion était devenu un avion « niche » que ce soit pour le marché des passagers ou pour le marché spécialisé du fret.

Sans parler de la récente concurrence de l’A350 de l’Européen Airbus, le Jumbo Jet était cannibalisé au sein même de la flotte de Boeing par le 777-300ER (à rayon d’action étendu) et le 777X, des avions beaucoup plus efficaces. Ces dernières années, le 747 est devenu un avion « d’une autre époque, avec des méthodes de production qui ne sont plus valables pour l’avenir », explique Michel Merluzeau. Aux États-Unis, plus aucune compagnie ne l’avait d’ailleurs dans sa flotte depuis fin 2017.

L’avion du président américain

Comme son concurrent l’A380 – dont la production s’arrêtera en 2021 – il a été tour à tour victime de la crise financière de 2008 avant que les compagnies ne se tournent vers le 787 ou l’A350. Moins gourmands en kérosène, ces biréacteurs modernes peuvent aussi voler de plus en plus loin, grâce à une nouvelle génération de moteurs, rendant de moins en moins pertinent l’usage des quadriréacteurs qui nécessitent aussi deux fois plus de maintenance.

D’ici 2022, Boeing va continuer à fabriquer des 747 pour le transport de marchandises et les opérations militaires. L’avion peut aussi encore compter sur le soutien du président des États-Unis et son Air Force One puisque deux 747-8, plus grands, plus modernes, plus rapides et moins gourmands en kérosène que les actuels 747-200, sont attendus par la Maison Blanche.

LQ/AFP