Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Sur les 71 enseignes Chauss’Expo rachetées en mars dernier par Chaussea, l’entreprise familiale, dont le siège se trouve à Valleroy près de Briey, devra en céder onze à la concurrence. En Lorraine, cela concerne le Pays-Haut, avec Mont-Saint-Martin, Lexy et Audun-le-Tiche, ainsi que la Moselle-Sud avec les magasins de Sarrebourg.
En mars dernier, le tribunal de commerce de Lille validait l’offre de rachat de Chaussea pour les 71 magasins français Chauss’Expo placés en liquidation judiciaire. L’entreprise de vente de chaussures, créée par Gaëtan Grieco dont le siège se trouve à Valleroy, une commune de Meurthe-et-Moselle située près de Briey, étendait ainsi un peu plus son empreinte sur le marché européen fort de 650 enseignes employant au total un peu plus de 4 500 collaborateurs.
Il y a quelques jours, l’Autorité de la concurrence a autorisé la cession mais en émettant des réserves. L’institution a examiné au niveau local si ce rachat favorisait toujours la diversité des marques au regard notamment de franchises telles que Besson, Gemo, ou encore La Halle, mais également de la grande distribution.
Et cette radiographie a mis en évidence des situations de quasi-monopole de Chaussea, consécutif à l’opération de sauvetage de Chauss’Expo. Onze zones sur toute la France, dont quatre en Lorraine : Audun-Le-Tiche, Lexy, Mont-Saint-Martin et Sarrebourg.
Selon l’Autorité, «dans chacune de ces zones, l’opération était susceptible d’atténuer l’animation concurrentielle et risquait d’entraîner des hausses des prix ou d’appauvrir la diversité de l’offre au détriment du consommateur, compte tenu notamment de la part de marché importante cumulée des parties et de l’absence d’alternatives suffisantes».
L’humain avant tout
Pour éviter ce type de situation, le géant de la chaussure lorrain s’est engagé à céder à un ou plusieurs concurrents des commerces situés dans tous ces secteurs répartis dans la France entière. Contactée, la direction de Chaussea a confirmé l’information : «Le rachat de Chauss’Expo a fait que certains de nos magasins se sont retrouvés trop proches les uns des autres», reconnaît Jérémy Laurent, le directeur de la communication. «Le jugement émis par l’autorité ne peut être discuté, nous en prenons donc acte.»
Mais avec une vigilance certaine, surtout pour les équipes. «Lorsqu’en mars dernier le tribunal commercial de Lille nous a donné le feu vert pour Chauss’Expo en liquidation judiciaire, nous nous étions engagés à préserver le personnel. Nous avons tenu parole. Aujourd’hui, nous sommes contraints de céder des magasins, nous redoublerons de vigilance, car nous ne voulons pas de casse sociale.»
En clair, vendre à la concurrence, oui, mais avec des garanties. «Nous ne sommes pas de ceux qui rachètent pour licencier quelques mois plus tard. L’humain est au cœur de nos préoccupations.» Pour l’heure, la direction n’a pas arrêté ses choix.
Romuald Ponzoni
(Le Républicain Lorrain)
