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Caterpillar quitte la Belgique et supprime 2000 emplois


Les salariés de Caterpillar ont attendu, sur le parking, l'annonce du conseil d'entreprise extraordinaire. (photo AFP)

Le constructeur d’engins de chantier a annoncé vendredi qu’il allait fermer son unité de production de Gosselies. Cette décision entraîne la suppression de 2 000 emplois.

Installée dans la banlieue de Charleroi, l’entreprise Caterpillar a provoqué une onde de choc vendredi en Belgique. Alors que le Royaume avance déjà dans un climat social tendu, la fermeture annoncée de l’usine sera accompagnée par la perte de plusieurs milliers d’emplois. Par effet domino, plus de 10 000 salariés pourraient être affectés.

Caterpillar a annoncé « la fermeture totale du site » au cours d’un « conseil d’entreprise extraordinaire », a dit Antonio Cocciolo, représentant du syndicat socialiste FGTB. Dans un communiqué, le groupe confirme seulement «envisager d’allouer les volumes produits» dans cette usine à d’autres sites, notamment Grenoble en France, et à «d’autres usines en dehors de l’Europe». Cela «impliquerait un licenciement collectif de quelque 2 000 salariés et la fermeture du site de Gosselies», où le groupe est installé depuis 1965, dans ce qui constituait un de ses principaux centres de production en Europe, ajoute-t-il.

«Cette annonce est liée au plan mondial de restructuration et de réduction des coûts annoncé par Caterpillar en septembre 2015», précise-t-il. Le groupe avait alors annoncé son intention de supprimer 10 000 emplois dans le monde, soit 9 % de ses effectifs, et de fermer une vingtaine de sites. Environ 1 400 emplois avaient déjà été supprimés en 2013 dans l’usine belge, qui fabrique des engins de chantier, dans le cadre d’un «plan industriel». « C’est une situation d’écœurement total », a souligné Antonio Cocciolo.

« Ce n’est même pas la direction locale qui est venue faire l’annonce, mais un responsable américain, en anglais .» Cette fermeture aboutira selon lui non pas à 2 000, mais à 2 200 suppressions de postes et « des entreprises solidaires à Caterpillar viennent d’annoncer leur fermeture », a-t-il affirmé.

Plusieurs ouvriers étaient réunis vendredi matin sur le site, certains sous le choc, d’autres en pleurs. Un engin de chantier barrait l’une des entrées de l’usine Caterpillar, l’un des gros employeurs de Wallonie, une région où le taux de chômage dépasse les 20 %. « C’est une décision brutale et un drame social. Je souhaite être totalement mobilisé dans une union sacrée politique avec le gouvernement wallon pour soutenir les travailleurs et leur famille », a déclaré le Premier ministre belge, Charles Michel.

«Catastrophe absolue»

«La fermeture de Caterpillar est une catastrophe absolue», a réagi dans un communiqué le président du Parti socialiste francophone belge et ancien Premier ministre Elio Di Rupo, qui regrette «la manière inhumaine utilisée par le patron de Caterpillar pour annoncer la catastrophe sociale» (en quelques secondes, en anglais, se retirant ensuite sans répondre à aucune question). Si la fermeture du site était effective, la production de chargeurs pneus serait transférée à Grenoble.

Mais dans un jeu de vases communicants, le site grenoblois perdrait dans la foulée la production de tracteurs destinés au marché américain, qui serait délocalisée au Brésil, et les composants mécano-soudés dans les pays de l’Est, précise la direction France. Cela pourrait se traduire par un plan de départs volontaires d’au moins 100 personnes sur le site de Grenoble qui emploie plus de 1 300 personnes, selon Nicolas Benoît, élu CGT (principal syndicat français) au comité d’entreprise. « Il faut voir que, dans le bassin de Charleroi, la fermeture du site va entraîner par effet domino la perte de 10 000 emplois. Et ici, à Grenoble, on était encore 3 000 en 2008/2009 », regrette le syndicaliste.

Caterpillar, fabricant de matériel de chantier et d’extraction, souffre de la crise du secteur minier et de la faible croissance économique mondiale. Ses résultats de 2015, annoncés en janvier, sont en forte baisse : -43 % pour les bénéfices, à 2,102 milliards de dollars, et -15 % pour le chiffre d’affaires, à 47 milliards. L’entreprise a à nouveau présenté, fin juillet, des résultats en recul pour le deuxième trimestre 2016, tout en affirmant que ses efforts de restructuration portaient leurs fruits.

Le Quotidien / AFP