Carlos Ghosn, vénéré au Japon pour avoir sauvé Nissan de la faillite, a été arrêté lundi à Tokyo sur des soupçons de malversations après une enquête interne du constructeur d’automobiles, qui veut le démettre de son poste au plus vite.
La nouvelle est tombée en fin d’après-midi lundi à Tokyo: les médias ont un à un annoncé que le PDG de Renault, qui dirige en outre les conseils d’administration de Nissan et Mitsubishi Motors, était entendu par le parquet de Tokyo, puis a été arrêté, soupçonné d’avoir dissimulé des revenus au fisc. Peu après, la confirmation est tombée avec des détails accablants pour le Franco-libano-brésilien de 64 ans. À la Bourse de Paris, le titre de Renault s’effondrait alors de plus de 12%.
Et de « nombreuses malversations »…
La place tokyoïte était elle fermée quand les premières rumeurs sont apparues. Carlos Ghosn « a pendant de nombreuses années déclaré des revenus inférieurs au montant réel », a affirmé Nissan dans un communiqué, selon les résultats d’une enquête interne menée sur la base du rapport d’un lanceur d’alerte. « En outre, de nombreuses autres malversations ont été découvertes, telles que l’utilisation de biens de l’entreprise à des fins personnelles », ajoute le groupe qui va proposer au conseil d’administration de le « démettre de son poste rapidement ».
Un autre responsable de Nissan, Greg Kelly, est également mis en cause, précise Nissan. Les informations ont été transmises au parquet de Tokyo qui n’a pas confirmé à ce stade l’audition de Carlos Ghosn. Selon la chaîne de télévision publique NHK, le siège de Nissan à Yokohama, près de Tokyo, a été perquisitionné dans la soirée. Carlos Ghosn était arrivé à Tokyo au printemps 1999 pour redresser Nissan, tout juste uni au français Renault. Il avait été nommé PDG deux ans plus tard. Surnommé « cost killer » (« tueur de coûts »), il avait transformé un groupe en pleine débâcle en une société très rentable au chiffre d’affaires annuel de près de 100 milliards d’euros, ce qui lui vaut une certaine vénération dans l’archipel.
AFP