La Commission européenne est prête à discuter d’un accord commercial « restreint » avec les Etats-Unis, si l’UE est définitivement exemptée des droits de douane sur l’acier et l’aluminium, a affirmé vendredi la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström.
« C’est quelque chose que nous pouvons explorer, seulement pour les droits de douane sur les biens et d’autres sujets peu compliqués », a expliqué Cecilia Malmström, en signe d’ouverture aux Américains. Ces discussions en vue d’un accord « restreint » permettraient, selon elle, d’obtenir « des résultats rapidement » avec Washington. « Nous pourrions explorer cela pour avoir une meilleure vue d’ensemble », a-t-elle argué.
Les craintes d’un Tafta bis ?
La Suédoise a cependant précisé que la Commission, chargée de la politique commerciale de l’UE, aurait « besoin d’un mandat des Etats membres » pour se lancer dans de telles discussions, ce qui est loin d’être gagné, des fissures commençant à apparaître dans l’unité européenne. L’Allemagne est ainsi favorable à une telle ouverture, contrairement à la France, qui craint de voir ressurgir le spectre du très impopulaire TTIP (ou Tafta), le grand accord commercial négocié par l’UE avec les Etats-Unis, au point mort depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.
« Nous ne partageons pas la stratégie visant à engager des négociations sur les droits de douane », a d’ailleurs affirmé le secrétaire d’Etat français, Jean-Baptiste Lemoyne, dans un entretien aux Echos vendredi, avant les déclarations de Cecilia Malmström.
« Nous ne négocions rien sous la menace »
Une réunion ministérielle le 22 mai à Bruxelles devrait permettre de faire le point sur la position des Etats membres. En attendant, Cecilia Malmström a rappelé le mot d’ordre européen: « nous ne négocions rien sous le menace » et l’UE doit être exclue des droits de douane américains de manière « complète et inconditionnelle » avant d’entamer tout discussion.
« Jusqu’ici, la stratégie a été approuvée par les Etats membres et je m’y tiens », a-t-elle insisté. La Maison Blanche a annoncé lundi qu’elle consentait à prolonger jusqu’au 1er juin un sursis accordé à l’UE, mais aussi au Mexique et au Canada, censé s’achever le 1er mai, concernant des taxes de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium.
Selon le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, cette prolongation s’explique, concernant les Européens, par de potentielles avancées sur « la réduction des tensions commerciales » entre les deux régions. Cecilia Malmström a rappelé que les droits de douane étaient globalement peu élevés entre les deux zones, mais qu’il subsistait des « pics ».
Des discussions sur l’automobiles
Selon elle, les discussions que la Commission pourrait entamer avec Washington devraient inclure « les automobiles », un sujet cher à Donald Trump et très sensible pour l’Allemagne. Elle a également insisté sur le fait que cet accord « restreint » serait « totalement différent » du TTIP car beaucoup plus modeste, rejetant l’appellation de « TTIP light ». « Certains des problèmes récemment mis en évidence par le président Trump et d’autres auraient pu être résolus dans le TTIP. Mais le TTIP est au congélateur et il va y rester », a-t-elle précisé. La commissaire au Commerce a expliqué être en contact « plusieurs fois par semaine » avec son homologue américain, Wilbur Ross, pour trouver une issue à cette crise.
Mais Bruxelles a malgré tout poursuivi ces dernières semaines les démarches qui lui permettront de répondre à d’éventuelles taxes américaines tout en respectant les règles de l’OMC. La mesure la plus immédiate vise à taxer de manière « ciblée et proportionnée » des dizaines de produits emblématiques fabriqués aux Etats-Unis, parfois dans des Etats ayant voté pour Donald Trump, dont le tabac, le bourbon, les jeans ou les motos. Ces mesures pourraient être appliquées, le cas échéant, dès « la fin du mois de juin », a-t-elle dit.
L’Europe a exporté 5,3 milliards d’euros d’acier et 1,1 milliard d’euros d’aluminium en 2017 vers les Etats-Unis.
AFP.