L’Allemagne a averti, vendredi, que le Royaume-Uni serait confronté à des barrières commerciales en cas de Brexit. Il s’agit d’une nouvelle menace adressée aux partisans d’une sortie de l’Union européenne à moins de deux semaines du référendum du 23 juin.
« Dedans, c’est dedans, dehors, c’est dehors», a déclaré le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble dans un entretien au magazine Der Spiegel , en référence au marché unique européen. « Le pays devrait alors se tenir aux règles d’un club, dont il a voulu sortir », a-t-il ajouté dans un entretien au magazine Der Spiegel .
Cette mise en garde vient doucher les prétentions des partisans d’un Brexit qui ne cessent de répéter que le Royaume-Uni continuera de commercer librement avec l’UE, se targuant des exemples de la Norvège ou de la Suisse, pays non membres de l’UE mais qui ont accès à la zone européenne de libre circulation des personnes et des biens. Elle est la dernière d’une longue série d’avertissements économiques adressés aux pro-Brexit par des chefs d’État – dont Barack Obama – et plusieurs responsables d’institutions économiques internationales (FMI, OCDE, OMC).
Fin mai, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, les a également prévenus que l’UE mènerait la vie dure au Royaume-Uni s’il la «désertait».
Tout à revoir et à renégocier
« Cela reflète non seulement la position de la Commission mais aussi celle d’autres gouvernements », avait-il souligné, ajoutant que « tout devra être revu et renégocié » entre Londres et l’UE. Au Royaume-Uni, le Parti travailliste, qui veut un maintien dans l’UE, a également haussé le ton vendredi, alors que le Parti conservateur continue de se déchirer à l’approche du vote.
Un vote en faveur d’une sortie de l’UE le 23 juin « mènerait à un état d’urgence budgétaire, de nouvelles coupes dans les secteur public et des hausses d’impôts », a insisté le vice-président du Labour, Tom Watson, en s’appuyant sur un rapport de l’Institut des études budgétaires. L’ancien leader et candidat au poste de Premier ministre, Ed Miliband, a averti, lui, qu’une sortie de l’UE entraînerait une « érosion des droits des travailleurs ».
Dans un débat phagocyté par une «guerre civile» au sein du Parti conservateur, divisé sur l’économie et l’immigration, le Parti travailliste veut faire entendre sa voix en mettant d’abord l’accent sur le social, la lutte contre les inégalités et la protection des travailleurs.
L’électorat de gauche est majoritairement pro-UE : 61 % contre 26 % à vouloir partir selon un sondage YouGov. Mais il peine à se mobiliser. La faute en partie selon des membres du Labour à leur leader Jeremy Corbyn, un eurosceptique historique, accusé de traîner les pieds et de défendre sans grand enthousiasme la cause de l’UE. En dehors de deux discours, le vétéran de l’aile gauche du parti a effectivement brillé par son absence. Il fuit à la fois les médias et le Premier ministre conservateur, David Cameron, auquel il refuse d’être associé dans cette campagne.
Le Quotidien / AFP