Les compagnies aériennes tablent sur de bonnes prévisions économiques, mais s’inquiètent des nouvelles mesures de sécurité américaines.
L’industrie du transport aérien a affiché, en début de semaine à Cancun au Mexique, son optimisme avec des bénéfices prévus en hausse pour 2017 tout en appelant à la vigilance sur fond de menaces sur la sûreté.
En ce début de semaine, Alexandre de Juniac, directeur général de l’Association internationale du transport aérien (IATA), a ouvert la 73e assemblée générale de l’organisation à Cancun, au Mexique, en affirmant que l’industrie du transport aérien était «l’industrie de la liberté». Une ouverture donnant le ton d’une industrie qui doit faire face à des vents contraires, notamment depuis la récente décision des États-Unis et de la Grande-Bretagne d’interdire les ordinateurs portables en cabine.
«Aujourd’hui nous faisons face à des vents contraires de la part de ceux qui voudraient renier les bénéfices de la mondialisation», a souligné Alexandre de Juniac, pointant «des endroits dans le monde» où «une rhétorique nationaliste tend vers un avenir avec plus de protectionnisme», a-t-il ajouté, tout en rappelant que la sûreté était au cœur des préoccupations de l’industrie du transport aérien. Pourtant, Alexandre de Juniac a regretté que le partenariat naturel entre compagnies aériennes et gouvernements soit «en train de se lézarder» et a regretté la prise de décision concernant les ordinateurs portables «sans consultation avec l’industrie et avec un très court délai d’application».
Les États-Unis en tête
D’un point de vue comptable, l’IATA a affirmé que la rentabilité et le taux de remplissage des avions des compagnies du Moyen-Orient ont «baissé de manière significative depuis six mois». «Il y a des signes de plus en plus forts démontrant que l’interdiction des appareils électroniques et l’incertitude créée par de possibles interdictions de voyager aux États-Unis participent à cette baisse sur certaines routes», a souligné l’association. Alexandre de Juniac a également pointé les «pertes de productivité» engendrées pour les passagers empêchés de travailler à bord en cas d’interdiction, estimées à 180 millions de dollars par an dans sa forme actuelle et à 1,2 milliard si l’interdiction était étendue aux vols entre l’Europe et les États-Unis.
Malgré ces points négatifs, l’IATA a revu à la hausse ses prévisions de bénéfices pour 2017, anticipant une progression de la demande plus importante que prévu. Les bénéfices des 275 compagnies aériennes membres de l’IATA devraient atteindre 31,4 milliards de dollars contre 29,8 annoncés fin 2016, soit une augmentation d’un peu plus de 5 %, pour des revenus de 743 milliards de dollars (contre 736 initialement prévu), a annoncé l’organisation.
Toutefois, «avec un revenu par passager de 7,69 dollars, il n’y a pas beaucoup de marge» de manœuvre, a-t-il poursuivi, appelant les compagnies à la vigilance.
Les États-Unis sont largement en tête des régions en termes de bénéfices prévus avec 15,4 milliards de résultat net annoncé pour 2017, restant à des niveaux historiquement hauts, même s’ils sont légèrement inférieurs à ceux de 2016 (16,5 milliards), générant environ la moitié des bénéfices de toute l’industrie. Ils sont suivis par la région Asie-Pacifique et l’Europe, des régions qui devraient toutes deux atteindre 7,4 milliards de bénéfices. Ceux de l’Asie-Pacifique (7,4 milliards de dollars) sont tirés en grande partie par la progression de l’activité cargo qui représente 40 % de l’activité mondiale, selon l’IATA.
Quant à l’Europe, qui a souffert des conséquences des attentats en 2015 et 2016, elle semble regagner un peu du terrain perdu depuis le début de l’année, selon l’IATA. En queue de peloton, la région Moyen-Orient devrait atteindre des bénéfices de 400 millions de dollars. L’Afrique devrait être dans le rouge avec 100 millions de pertes.