Les 177 millions d’euros levés la semaine dernière par BlaBlaCar reflètent la foi des investisseurs dans un potentiel de croissance mondiale «très très forte», explique à l’AFP le cofondateur et président de l’entreprise française de covoiturage, Frédéric Mazzella.
«A quoi allez-vous consacrer cet argent frais?»
«Cela va nous donner les moyens de nos ambitions. On n’a pas changé de cap, on continue notre expansion internationale. La France est le pays qui fait le plus de covoiturage au monde, nous avons un produit très avancé qui est leader sur son marché, et nous pouvons aller développer le covoiturage dans d’autres pays où il n’existe pas».
«Après neuf ans d’existence, BlaBlaCar compte aujourd’hui 20 millions de membres dans 19 pays. Comment choisissez-vous vos axes de développement? »
«On avance avec les pays qui nous semblent les plus pertinents pour le service, on regarde différentes composantes de chaque pays pour savoir si le covoiturage a une chance de marcher ou non, ça va du coût de l’essence et de la voiture en général, aux alternatives de transport dont les gens disposent pour aller d’une ville à une autre. Il y a des pays dans lesquels on est la seule manière de rejoindre une ville à une autre, parce qu’il n’y a pas forcément de bus ou le train».
«BlaBlaCar a donc accédé la semaine dernière au club fermé des +licornes+, ces entreprises non cotées en Bourse et valorisées à plus d’un milliard de dollars. Quel est le raisonnement des investisseurs?»
«Rien qu’en France, il y a 38 millions de voitures qui coûtent en entretien et usage entre 5.000 et 6.000 euros par an. Cela fait 200 milliards.
«D’un autre côté, une voiture passe en moyenne 96% de son temps arrêtée. Dans les 4% qui restent, elle est dans les bouchons 0,5% du temps, et pendant 0,8% à la recherche d’une place de parking. Il reste 2,7% du temps pendant lequel la voiture est utilisée pour ce pour quoi elle est conçue: nous transporter. Et dans ces 2,7%, on a quasiment trois fois sur quatre une seule personne à bord. Pour résumer, on utilise à 25% de ses capacités, 2,7% du temps, une ressource qui nous coûte 10% du PIB.
«Dès que l’on commence à optimiser une ressource qui nous coûte aussi cher, on a une croissance très très forte, et cette opportunité est mondiale. Il n’est pas forcément étonnant que la société soit valorisée plus d’un milliard vu l’opportunité d’optimisation d’un budget, l’automobile au sens très large, qui est colossal».
AFP