Le PDG de Ryanair Michael O’Leary fustige, jeudi dans le quotidien belge Le Soir, le niveau des taxes dans le transport aérien européen et le « culot » des politiques « surtout en France », où vient d’être annoncée une écotaxe s’appliquant dès 2020.
« Quand Macron met une taxe soi-disant écologique sur le diesel, il a les gilets jaunes. Mais quand on dit qu’on va taxer l’aviation, personne ne bouge », s’emporte le patron de la compagnie irlandaise à bas coûts, à propos de ce projet d’écotaxe annoncé mardi par le gouvernement français.
« Les politiques ne manquent pas de culot, surtout en France », lance-t-il. « C’est eux qui calent dans l’application d’un ciel unique européen, qui maintiennent des frontières dans les airs, obligeant les avions à des détours », ajoute O’Leary. « C’est eux qui défendent le monopole des contrôleurs aériens français qui obligent des avions qui relient l’Espagne à l’Italie à faire d’immenses détours et des dépenses de carburant quand le contrôle aérien de Marseille est en grève ».
Et d’enchaîner : « Si les gouvernements européens appliquaient ce qu’ils disent qu’ils vont faire depuis des années, on économiserait déjà 10% de notre consommation et de nos émissions. Mais ça fait des années que rien ne bouge. L’automobile va tripler ses émissions dans les prochaines années, la Chine et l’Inde vont les doubler et, non, c’est toujours l’avion qu’il faut taxer ».
Déjà en vigueur dans plusieurs pays
Cet entretien avec Michael O’Leary est publié au lendemain d’une réunion à Bruxelles de l’association Airlines for Europe – dont Ryanair est membre -, qui appelle régulièrement à plus de flexibilité et moins de contraintes dans l’espace aérien européen. L’association affirme qu’en 2019 sa quinzaine de membres (des compagnies affirmant représenter plus de 70% du trafic européen) va devoir s’acquitter de plus de 5 milliards d’euros de taxes, « des montants qui autrement auraient pu être utilisés pour soutenir les efforts de l’industrie en matière de décarbonisation ».
« On paye déjà des millions de taxes. En moyenne, chez Ryanair, chaque passager paie 4 euros de taxes environnementales par trajet, 10% du prix », affirme encore le PDG irlandais dans Le Soir.
La ministre française des Transports Elisabeth Borne a décidé mardi de mettre en place dès 2020 une « éco-contribution » de 1,50 à 18 euros sur les vols au départ de la France, ce que les associations environnementales considèrent comme un rattrapage plutôt qu’une mesure punitive. Des taxes sur les billets d’avion sont déjà en vigueur dans plusieurs pays de l’UE dont l’Allemagne et le Royaume-Uni.
LQ/AFP