BFMTV pourrait licencier une centaine de collaborateurs si le CSA autorise sa concurrente LCI à passer sur la TNT gratuite, a menacé lundi le propriétaire de la chaîne, Alain Weill.
Les deux chaînes d’infos gratuites, BFMTV (groupe NextRadioTV, en passe d’être racheté par Altice) et iTélé (Canal+), sont vent debout contre un éventuel passage de LCI (groupe TF1) en gratuit, qui diviserait selon elles leur part d’audience et donc leurs revenus publicitaires. Le CSA devrait trancher à la mi-décembre, après que son refus initial de l’année dernière a été annulé par le Conseil d’État en juin pour vice de procédure.
Sur les 400 collaborateurs de la chaîne, BFMTV pourrait se séparer d’un quart d’entre eux, en commençant par les pigistes, a assuré Alain Weill devant des journalistes, « sans vouloir mettre la pression sur qui que ce soit », a-t-il précisé. D’autant plus que « BFMTV va sans doute avoir un résultat en baisse cette année, notamment à cause des événements de la fin de l’année », selon Alain Weill.
TF1 brandit aussi sa menace
La suspension par BFMTV de ses publicités pendant quelques jours, après les attentats de Paris, aurait privé la chaîne d’un million d’euros. « Je ne peux pas croire qu’il n’y ait pas de solutions dans le payant pour LCI », a lancé Alain Weill. Il envisage par ailleurs un modèle payant pour son autre chaîne BFM Business.
De son côté, TF1 avait menacé de supprimer 148 emplois dans le groupe, dont une partie à LCI, si le CSA lui refusait de passer sa chaîne d’infos en gratuit, estimant que le modèle payant ne pouvait être rentable et qu’il devrait transformer la chaîne en réduisant la voilure.
Le président de NextRadioTV s’est également élevé contre le projet de chaîne publique d’information porté par la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, prévue dès septembre sur le web mais qui vise aussi un canal de la TNT. « Si la chaîne publique récupère le canal 14 » (qui diffuse France 4, NDLR) « et qu’elle vit sans publicité, c’est gagné dès le premier jour », a estimé Alain Weill, évoquant « un avantage concurrentiel considérable » pour la chaîne publique, alors que BFMTV a le canal 15.
Face à cette menace de licenciement, les salariés de la chaîne d’info sont, de leur côté, « très inquiets », et n’ont « pas envie de réduire la voilure », a déclaré Céline Bruel, de la SDJ de BFMTV.
AFP