C’est l’histoire d’une petite entreprise qui ne connaît pas la crise depuis un an. Celle de Luxury Doors, à Bertrange. Une histoire qui ne doit rien au hasard, mais tout à une équipe résolument optimiste.
Il y a les secteurs jugés essentiels et ceux qui le sont moins, au sens du gouvernement. Les quelque 37 807 entreprises répertoriées au Grand-Duché, selon les derniers chiffres publiés par le Statec, ne sont en effet pas toutes logées à la même enseigne.
Luxury Doors, fabricant de portes d’entrée établi à Bertrange depuis deux ans, n’appartient pas tout à fait à la première catégorie et pas vraiment à la seconde non plus. Pourtant au moment du premier confinement, alors assignés à résidence, nous avons tous pris conscience de l’importance de vivre dans un logement confortable. Suffisamment pour devoir y passer de longues journées et autant de soirées sans début ni fin. Cela commence dès que l’on pose les pieds sur le paillasson, finalement. Luxury Doors a tout de même dû fermer boutique, ralentir ses chantiers en cours, au printemps et à l’hiver. Verrouillée à double tour, comme tant d’autres. Mais la pandémie et son lot de bouleversements n’auront pas eu raison de la motivation d’une équipe soudée.
Il faut s’en remettre à une certaine chance pour joindre son gérant, Marc Natusch, souvent entre deux rendez-vous. C’est plutôt bon signe, en fait. Cela signifie qu’il y a du travail et fort à faire. Ce n’est pas donné à tout le monde, en ces temps si confus. Luxury Doors n’a donc pas eu à mettre la clé sous la porte ni ses douze salariés dehors.
«Rendre quelque chose à la société»
Marc Natusch, «heureux» de pouvoir poursuivre son activité, réalise parfaitement les ravages causés ailleurs. «On a le sentiment de profiter de la crise, car les gens partent moins en vacances et investissent beaucoup plus dans leur maison. Mais nous devons être responsables et faire preuve de solidarité envers les secteurs les plus touchés», plaide le patron. Ses mots se traduisent par des actes concrets, en direction notamment des établissements de l’Horeca. «Nous leur achetons des bons cadeaux pour les soutenir financièrement et les aider à garder le moral. Nous apportons notre contribution, avec nos petits moyens, dans l’idée de rendre quelque chose à la société. C’est dans notre culture d’avoir des commerces vivants, des restaurants et des cafés ouverts. Si beaucoup devaient définitivement fermer, cela nous impacterait aussi d’une manière ou d’une autre», argue encore Marc Natusch, convaincu que «tout le monde doit travailler ensemble» pour espérer sortir du marasme économique et social par le haut.
Avec un tel sens de l’engagement et cette confiance en l’avenir, rien d’étonnant au fait que Luxury Doors ait apposé sa marque de fabrique sur un marché de l’immobilier où tous les corps de métiers se bousculent au mètre carré. Une fenêtre restait néanmoins béante. «Il manquait un vrai spécialiste de la porte d’entrée au Luxembourg, qui se consacre exclusivement à cela dans le neuf et dans la rénovation», se souvient Marc Natusch. La société trouve alors un partenaire industriel reconnu, Pirnar. Une entreprise familiale devenue une référence mondiale grâce à ses poignées de porte innovantes. Ensemble, ils mettent au point des produits haut de gamme, développent des designs aussi élégants que fonctionnels, personnalisés, répondant aux besoins de chaque client, qu’il s’agisse d’habiller des maisons unifamiliales ou des résidences collectives. En fonction de tous les budgets, également. Sans oublier les personnes en situation de handicap ou dont la mobilité est réduite, pour lesquelles les portes peuvent être entièrement automatisées et complétées d’une signalétique lumineuse si nécessaire. Autant de détails qui comptent au moment de faire son choix. Comme dans toutes les étapes du projet, de la création à l’installation in situ, toujours supervisée par un électricien. Et même après puisque Luxury Doors assure un service de réparation, que le produit sorte de ses ateliers ou pas du reste.
Les restrictions liées à la crise sanitaire ont évidemment modifié le quotidien d’une entreprise qui s’adapte en toutes circonstances. Elle fait tester ses employés toutes les semaines, «pour garantir leur sécurité et celle de nos clients, et aussi garder notre capacité sur les chantiers», souligne Marc Natusch. Bien sûr, les règles qui changent en permanence, «c’est un peu fatigant, cela coûte de l’énergie à l’équipe». Encore une fois, il en faut clairement plus pour entamer l’optimisme du gérant. «On peut accepter ces contraintes et les voir comme un challenge nouveau, car on a la chance de pouvoir travailler, contrairement à d’autres. Si l’on pense au personnel soignant dans les hôpitaux, aux professionnels de l’Horeca, aux commerçants qui perdent leur business au profit des grandes plateformes, nous, on n’a vraiment pas à se plaindre.»
Quand on déborde à ce point d’ondes positives, on a forcément de quoi nourrir de grandes ambitions. L’entreprise envisage d’implanter un deuxième showroom dans la capitale et, plus tard, de s’ouvrir davantage à la France et la Belgique. Nul doute que Luxury Doors détient, là encore, les clés d’une future réussite.
Alexandra Parachini
Luxury Doors Pirnar, 183 rue de Luxembourg, L-8077 Bertrange. Tél. : 27 75 86 65.
Appel aux jeunes
Le secteur de la construction au Luxembourg, selon les données compilées par le Statec, ce sont actuellement 4 366 entités. Les activités immobilières, 1 591. Bien moins comparé aux activités de commerce et de réparation automobile (7 820). Encore moins que les activités spécialisées, scientifiques et techniques (8 898). Marc Natusch en est certain, fort d’une expérience qui remonte à une vingtaine d’années : «La construction et l’immobilier, ça tourne toujours beaucoup, c’est un marché d’avenir. Prenez le point énergétique, par exemple. Des milliers, voire des millions de bâtiments seront à rénover et à mettre aux normes des nouveaux standards.» Une croissance, selon lui, qui ne cessera de progresser sur «les vingt ans à venir».
Les jeunes ont donc un boulevard devant eux. Ce papa de trois enfants les pousse d’ailleurs à s’orienter vers ce domaine porteur. Autrement plus que la finance ou l’industrie automobile, dont on constate aujourd’hui les difficultés face à la crise économique. «J’encourage vraiment les jeunes à démarrer un apprentissage dans la construction et la rénovation. À court terme, comme à long terme, ils ne manqueront pas de travail. D’autant qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre dans de nombreuses filières. C’est le cas pour les bureaux d’études, les cabinets d’architecture…» Une voie qu’il a lui-même empruntée «un peu par hasard» à l’époque, presque à reculons. Mais lorsqu’il mesure le chemin parcouru, ses convictions n’en demeurent que plus fortes.