La banque en ligne Keytrade, présente au Luxembourg depuis 1999, change de logo, de site internet, mais aussi d’actionnaire majoritaire. Avec l’objectif de s’accroître encore. Propriété d’une filiale du Crédit agricole, Keytrade, présente en Belgique, au Luxembourg et en Suisse, passe sous le giron du Crédit mutuel Arkéa.
Est-ce le changement d’actionnaire ou juste un hasard de calendrier? Cette fin d’année 2015 est en tout cas très chargée pour la banque en ligne Keytrade, qui vient de voir son actionnaire majoritaire, le Crédit agricole, entrer en négociations exclusives avec le Crédit mutuel Arkéa (fédérations du Crédit mutuel de Bretagne, du Sud-Ouest et du Massif central, ainsi que d’une vingtaine de filiales spécialisées). « La transaction attend le feu vert, mais d’ici trois à six mois, nous serons la propriété du Crédit mutuel Arkéa », annonce Thibault de Barsy, directeur général de la banque pour le Luxembourg.
Ce changement de pavillon ne devrait pas avoir de conséquences sur les projets de la banque, qui va de l’avant et grignote lentement mais sûrement des parts de marché. « Nous avons actuellement 6 000 clients au Luxembourg, pour un chiffre d’affaires de six millions d’euros et un bénéfice de deux millions. » Une entreprise pour le moins intéressante quand on sait que seulement dix personnes travaillent au Luxembourg dans cette banque en ligne. « Nous nous appuyons sur la Belgique, qui gère 200 000 clients et un portefeuille de 18 milliards d’euros. » Au Luxembourg, le portefeuille des clients atteint le milliard d’euros, soit une belle performance.
La prise de contrôle par le Crédit mutuel Arkéa aura une conséquence indolore pour les clients luxembourgeois : la banque en ligne Fortuneo, présente en Belgique, deviendra Keytrade pour former une entité Belux un peu plus importante.
Aujourd’hui, Keytrade est un acteur qui n’inquiète pas les grands établissements bancaires luxembourgeois, car il est dans une niche. Une niche qui grossit un peu plus chaque année. « Nous avons l’objectif d’atteindre rapidement les 10 000 clients », poursuit Thibault de Barsy.
Investir sur tous les marchés
Pour ce faire, la nouvelle identité visuelle représente le modèle «self directed» de Keytrade. À savoir qu’un client Keytrade doit faire d’abord confiance à sa connaissance des marchés avant de se lancer dans des placements en ligne. Point de conseillers physiques, point de bureaux, mais quelques algorithmes pour aider à la décision : ainsi fonctionne le modèle Keytrade. Concrètement, sur le site refait à neuf et qui s’adapte au terminal sur lequel il s’affiche, les décisions sont celles du client. Celui-ci peut placer son argent sur les 18 principales places financières du globe.
Il a aujourd’hui l’opportunité d’investir dans un nouveau produit, le Keyplan, plan d’épargne périodique en fonds d’investissement. Et c’est presque sans risque puisqu’un apport de 25 euros suffit pour ouvrir un Keyplan. « On peut alors investir en faisant son choix parmi 40 fonds d’émetteurs populaires. Cela n’a pas d’équivalent sur le marché luxembourgeois », analyse Stéphane Jodin, administrateur chez Keytrade.
Ces nouveautés devraient permettre à Keytrade d’atteindre des objectifs élevés. « Nos revenus de transactions progressent de 20 % cette année et nous attirons une clientèle de résidents qui fait un choix déterminé en notre faveur après avoir comparé avec les banques locales », se réjouit Thibault de Barsy. D’autant qu’il aime à dire que ses concurrents sont avant tout des « conculègues », car il doit travailler en bonne entente avec eux, comme un collègue.
Christophe Chohin