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Baisse des taux de la BCE : qui perd, qui gagne?


La baisse attendue des taux d'intérêts de la Banque centrale européenne est appelée à avoir diverses conséquences dans l'économie. (Photo archives AFP)

Bonne nouvelle pour les emprunteurs privés et les Etats qui s’endettent, mais grimace du côté des épargnants : la baisse attendue des taux d’intérêts de la Banque centrale européenne est appelée à avoir des conséquences diverses dans l’économie.

Soulagement pour les emprunteurs

Les banques commerciales se fournissent en liquidités auprès de la Banque centrale européenne. En échange, elles doivent payer un intérêt, appelé taux de refinancement, l’un des trois taux directeurs de la BCE.

Par un effet domino, les établissements bancaires répercutent ce coût à leurs clients. Ces dernières années, ce taux a été hissé à son plus haut niveau historique, faisant exploser le coût du crédit partout dans la zone euro.

En France, le taux moyen des crédits immobiliers est passé de 1,07% à 4,12% entre janvier 2022 et janvier 2024.

Logiquement, la baisse des taux attendue jeudi devrait donc desserrer quelque peu les conditions de crédit des ménages. Un coup de pouce bienvenu pour leur faciliter l’accès à la propriété immobilière et désengorger le marché locatif, devenu surchargé dans de nombreuses villes.

Elle profitera aussi aux entreprises qui souhaitent emprunter des liquidités. Ce mouvement a d’ailleurs déjà commencé : « La BCE a préparé le terrain longtemps en avance, ce qui a permis aux acteurs du marché de s’adapter et d’anticiper avec des baisses de taux », explique à l’AFP Elmar Völker, analyste pour la banque LBBW.

Bonne nouvelle pour les Etats endettés

Tout comme les ménages et les entreprises, le prix pour lequel les Etats se financent est étroitement lié à la politique de la BCE. Une baisse des taux permet un allègement des conditions de crédit pour l’emprunt public.

Les marchés ont, là aussi, déjà anticipé la décision des gardiens de l’euro. En fin d’année dernière, les rendements obligataires des Etats ont chuté, le taux français sur dix ans passant de 3,5% à 2,5% entre octobre et décembre.

Les taux sont toutefois repartis à la hausse à partir de janvier, car ces anticipations avaient été trop optimistes.

« L’euphorie était exagérée », estime Elmar Völker. En cause : l’inflation, qui reste encore au dessus de l’objectif de moyen terme de 2% la BCE.

Les épargnants moins bien rémunérés

Les banques commerciales détiennent des liquidités sur des comptes à la BCE, rémunérés selon le taux de rémunération des dépôts, l’un des trois taux directeurs de l’institut monétaire.

Elles répercutent ensuite ces intérêts sur les comptes de leurs clients.

Les épargnants ont donc été les grands gagnants des hausses de taux des dernières années. Le Livret A, produit d’épargne le plus populaire en France, est ainsi passé de 0,50% en 2022 à désormais 3%.

Dans l’autre sens, la baisse des taux prévue jeudi pourrait donc les pénaliser.

« Fortes fluctuations » possible pour les marchés

Pendant des années, les marchés ont profité des taux d’intérêt bas et de l’afflux d’argent des banques centrales. Face aux faibles rendements des obligations d’Etat, les valorisations boursières ont atteint des sommets car les investisseurs sont allés chercher des rendements sur les actions.

Avec la hausse des taux, le mouvement s’est un moment tari. Mais ces derniers mois, les bourses européennes ont repris de la vigueur, atteignant même de nouveaux records en séance.

C’est notamment la conséquence des anticipations des marchés, qui prennent eux aussi en compte les futures baisses de taux, avant même qu’elles ne soient effectives et annoncées. Quitte à risquer une correction si elles s’avéraient moins importantes ou rapides que prévue?

« Si la BCE donne des indications plus précises à ce sujet la semaine prochaine cela pourra occasionner de fortes fluctuations sur les marchés », estime Elmar Völker.