La seconde réunion tripartite, organisée jeudi, a débouché sur une «garantie de l’emploi» pour les salariés de Luxair. Le camp syndical respire en attendant que les détails d’un «plan d’avenir» soient négociés.
Gilles Feith, le nouveau directeur général de Luxair, tente de se faufiler à travers les centaines de militants ayant pris possession de la place de l’Europe. Les syndicats OGBL, LCGB et NGL-SNEP avaient invité à un piquet de protestation en amont de la seconde réunion de la tripartite sectorielle aviation. Arrivé à hauteur du micro, Gilles Feith s’apprête à dire quelques mots aux salariés en colère réunis au pied du centre de conférences du Kirchberg. Sous les huées, les responsables syndicaux lui signalent qu’il n’est pas le bienvenu. Le directeur s’excuse et rentre dans le bâtiment. Il est peu avant 9 h, jeu matin.
Sur le coup de midi, le camp syndical s’est montré plus conciliateur. Aussi bien Michelle Cloos, la secrétaire centrale de l’OGBL, que Patrick Dury, le président du LCGB, se sont dit «assez satisfaits» du résultat de la réunion qui a rassemblé gouvernement, patronat et syndicats. Une «garantie de l’emploi» aurait été accordée par la direction de Luxair. En attendant que les détails du «plan d’avenir» soient négociés, la pression est retombée d’un cran. Gilles Feith a notamment évoqué la mise en place d’une cellule de reclassement et l’étude d’autres instruments (préretraite…) pour respecter la revendication majeure des syndicats : «Zéro licenciement sec!».
Lundi, les syndicats étaient montés au créneau pour dénoncer l’attitude de la direction de la compagnie aérienne nationale. Le dialogue social aurait été «bafoué» après une première réunion constructive de la tripartite aviation à la mi-juillet. En cause : une «décision unilatérale» de la part de la direction remettant en cause une longue liste d’acquis sociaux. «Il s’agit d’une attaque frontale et brutale contre notre convention collective. Notre front syndical uni et puissant ne va pas accepter une remise en cause de nos acquis sociaux», martelait Michelle Cloos avant le début de la réunion tripartite. Les responsables syndicaux ont annoncé que quelque 600 employés du secteur de l’aviation s’étaient mobilisés pour le piquet de protestation. «La direction nous a soumis un catalogue des horreurs. Il s’agit d’une insulte envers les salariés qui font preuve d’un engagement sans faille», reprend la secrétaire centrale de l’OGBL.
Vers un «plan aviation 2020-2023»
Le 20 août, Luxair avait soumis aux syndicats un «plan de démantèlement social» pour permettre à la compagnie de survivre à la crise sanitaire. Démantèlement des carrières par la suppression des avancements salariaux liés à l’ancienneté, gel des salaires pendant trois ans, suspension du paiement du 13e mois pendant trois ans, suppression de certaines primes de responsabilité, réduction des jours de congé au minimum légal ou encore flexibilisation unilatérale des horaires de travail faisaient partie des mesures. «La direction générale n’a manifesté aucune volonté, voire y a opposé un refus total, de mener des discussions ou des négociations sur un plan d’avenir, le cadre tripartite ou même les pistes proposées par les organisations syndicales», fustigeait jeudi matin Paul De Araujo, le secrétaire syndical du LCGB.
La «garantie de l’emploi» évoquée jeudi suffira-t-elle à apaiser les tensions ? Le ministre de la Mobilité, François Bausch, a annoncé jeudi qu’un groupe de travail serait chargé d’établir d’ici la mi-août les contours d’un «plan aviation 2020-2023» qui aura pour objectif de «garantir le futur et la pérennité de l’ensemble des entreprises du secteur». «Nous avons dû faire le constat que la pandémie n’a fait qu’accentuer les difficultés structurelles existantes à Luxair et a de plus créé une série de problèmes additionnels», a ajouté le ministre de tutelle, qui était entouré jeudi du ministre du Travail et de l’Emploi, Dan Kersch, et du ministre des Finances, Pierre Gramegna. «Le maintien dans l’emploi dans un environnement qualitatif et sûr» resterait l’objectif majeur du gouvernement. Cargolux et lux-Airport, restés un peu en retrait jeudi, feront partie intégrante de ce plan aviation (lire également ci-dessous).
Un des enjeux clés sera le plan d’investissement qui, réclamé par les syndicats, doit contribuer à pérenniser le secteur de l’aviation civile au Luxembourg. À Luxair, la crise sanitaire n’a fait qu’aggraver des problèmes structurels déjà existants. Il reste à évaluer dans quelle mesure l’État sera amené à mettre la main à la poche, au-delà des investissements déjà décidés tels que la rénovation de la piste d’atterrissage du Findel par exemple. «Tout plan de soutien public devra être soumis avant fin octobre à la Commission européenne», rappelle le ministre François Bausch. La prochaine tripartite sectorielle aviation est fixée au 17 octobre.
David Marques
En ce qui concerne les licenciements, la direction a envoyé aujourd’hui par e-mail, a tous ceux qui sont en CDD, que leur contrat ne sera pas renouvelé. Ils sont licenciés!