Une nouvelle R5 électrique et une Lada Niva modernisée, 500 millions d’euros d’économies supplémentaires et des plans pour Alpine : Renault a dévoilé jeudi sa feuille de route jusqu’en 2025 pour affronter la révolution du secteur automobile.
Le groupe va lancer 24 véhicules dans les cinq prochaines années dont au moins 10 véhicules électriques, repositionnant clairement chacune de ses marques.
Renault a notamment dévoilé devant la presse le prototype jaune et arrondi d’une nouvelle R5, star des années 1970, qui deviendra une « voiture électrique à un prix accessible à tous » prévue avant 2025, a précisé Luca De Meo.
La marque Renault veut incarner la « nouvelle vague » de l’industrie automobile, une marque high-tech collaborant avec Google, avec des ventes composées à 35% d’hybrides et 30% d’électriques d’ici à 2025. Les prix devraient augmenter en moyenne de 7.000 euros par véhicule.
Le Losange se voit « leader dans l’électrification » en 2025, avec un gigantesque « électro pôle », la « plus grande usine de voitures électriques d’Europe » qui sera installée « potentiellement dans le nord de la France », et produirait la R5, selon M. De Meo.
Réduction en entrée de gamme du groupe
Les marques économiques Dacia et Lada vont réduire l’éventail de leur gamme en passant de 18 types de carrosseries à 11. Sept modèles seront lancés d’ici à 2025: Dacia lancera un SUV appelé « Bigster », et l’emblématique 4X4 russe Lada Niva reviendra en 2024, en deux carrosseries.
Alpine, la marque sportive du groupe, aura pour mission d’être compétitive, mais aussi rentable. Promue en Formule 1, elle lancera sur les routes trois nouveaux véhicules 100% électriques basés sur les plateformes de l’Alliance Renault-Nissan: une petite sportive, un « crossover » (carrosserie de type SUV sur base de voiture classique), et la remplaçante de l’A110 avec la marque britannique Lotus.
Du point de vue stratégique, le directeur général Luca De Meo a confirmé la volte-face de Renault par rapport aux objectifs de son prédécesseur Carlos Ghosn. Viser 5 millions de véhicules vendus dans 100 pays « était peut-être un objectif approprié il y a cinq ans, mais ça a clairement échoué », a lancé M. De Meo, arrivé en mai. « C’est comme si une voiture devenait trop grosse pour son moteur (…) On a fixé un cap clair : on passe des volumes à la valeur ».
Renault prévoit désormais de produire 3,1 millions d’unités en 2025 et va se concentrer sur les marchés « à fortes marges », notamment en Amérique latine, en Inde et en Corée, et renforcer sa présence en Espagne, au Maroc, en Roumanie, en Turquie et en Russie.
Le groupe veut aussi « renaulutionner » ses méthodes de vente, via sa nouvelle marque de services mobilité. Mobilize proposera quatre véhicules adaptés aux automobilistes qui ne « veulent plus acheter de voiture », a précisé Clotilde Delbos, la directrice générale adjointe du groupe: un véhicule à deux places et la Dacia Spring en libre-service, une compacte développée pour les VTC avec 400 km d’autonomie, et un utilitaire pour la livraison du « dernier kilomètre ».
Mobilize vise à générer 20% des revenus du groupe d’ici à 2030, via des partenariats et des nouvelles solutions de financement comme l’abonnement.
Redresser les marges
Après avoir annoncé fin mai un plan d’économies de plus de 2 milliards d’euros sur trois ans, prévoyant quelque 15.000 suppressions de postes dans le monde, le groupe a annoncé jeudi une nouvelle coupe dans ses budgets, de recherche notamment, mais pas de nouveaux licenciements: l’objectif est désormais de parvenir à un total de 2,5 milliards d’euros d’économies d’ici 2023, et 3 milliards d’ici à 2025.
La CFDT du groupe Renault s’est dite « satisfaite » de la nouvelle stratégie du groupe automobile, mais en attente de « précisions », tandis que la CGT a dénoncé une « opération de communication » et une accélération de la « stratégie financière ».
Comptant sur son alliance avec Nissan et Mitsubishi, le Losange va également rationaliser sa production, en passant de huit à quatre familles de moteurs, allant de 45 à 400 chevaux, et de six à trois plateformes (châssis). Son but ultime: 3% de marge opérationnelle d’ici à 2023 et 5% de marge d’ici 2025.
Déjà en difficulté, le groupe français a été durement frappé par les conséquences la crise sanitaire en 2020, perdant 7,3 milliards d’euros rien qu’au premier semestre.
AFP