Jamais depuis 1990 les constructeurs n’ont vendu aussi peu de voitures neuves au mois d’octobre : freinée par les pénuries de composants électroniques, l’industrie automobile européenne reste presque au niveau de la catastrophique année 2020.
Avec 665 000 voitures vendues sur le continent en octobre, les immatriculations ont reculé de 30,3% par rapport à octobre 2020 et atteint ainsi leur plus bas niveau depuis les premières statistiques de l’Association des constructeurs européens (ACEA), a indiqué celle-ci dans un communiqué.
C’est le quatrième mois consécutif de baisse pour le marché européen en comparaison avec 2020 : l’automne de l’année dernière avait marqué un fort rattrapage par rapport à un printemps paralysé par le Covid.
Les principaux marchés marquent tous un fort recul en octobre : l’Italie a affiché une chute de 35,7%, l’Allemagne 34,9%, la France 30,7% et l’Espagne 20,5%. La Pologne recule de 22%, la Belgique de 35,3% et les Pays-Bas de 23,7%. Près de l’UE, le Royaume-Uni a aussi enregistré une chute de 24,6%.
L’ACEA attribue cette chute des ventes à « l’effet de la pénurie de semi-conducteurs » : en Allemagne, en France, en Espagne, les usines automobiles ont enchaîné les journées de fermeture.
Au niveau mondial, les pénuries pourraient empêcher la production de 7,7 millions de véhicules dans le monde en 2021, selon le cabinet AlixPartners, pour un manque à gagner de 180 milliards d’euros.
Le bout du tunnel ?
Mais si le contexte économique reste incertain, et que les problèmes logistiques (goulets d’étranglement dans les ports, hausse des prix des matières premières) continuent de peser sur la production, les géants de l’automobile entrevoient le bout du tunnel pour la fin 2021.
Chez Renault, le mois de novembre sera critique pour l’approvisionnement en puces, puis la situation devrait rester « tendue sur le premier semestre » prochain et « un peu moins fin 2022 », avait indiqué fin octobre la directrice financière du groupe, Clotilde Delbos.
« On a encore une visibilité assez restreinte de la part de nos fournisseurs, qui peut changer sur une même journée pour plusieurs dizaines de milliers d’unités », avait-elle expliqué.
« Je pense que le pic (des pénuries) est plutôt derrière nous, mais pour revenir à la normale il faudra encore plusieurs trimestres », a déclaré dimanche Thierry Breton, le commissaire européen au Marché intérieur, évoquant une possible normalisation de la demande à l’été prochain.
D’ici la fin de l’année, l’industrie européenne restera loin de ses niveaux de 2019, avec l’espoir de toutefois faire mieux qu’en 2020, année catastrophique où les ventes étaient tombées sous la barre des dix millions de véhicules.
Sur les dix premiers mois de l’année 2021, elles restent au-dessus du niveau de l’année dernière (+2,2%). « Des gains réalisés plus tôt dans l’année ont permis de rester sur des chiffres intermédiaires positifs », souligne l’ACEA.
La situation est cependant contrastée selon les pays : si l’Italie ou la France ont en effet pris un peu d’avance, l’Allemagne pourrait elle enregistrer une année 2021 pire que 2020.
Hyundai se démarque
De nombreux constructeurs pourraient faire mieux qu’en 2020. Malgré une forte chute en octobre, le leader Volkswagen reste sur une progression de 2% sur les 10 premiers mois 2021, freiné par une baisse de Skoda. Son challenger Stellantis (Peugeot, Fiat, Jeep) affiche également une hausse de 3,1%. Hyundai-Kia affiche une progression de 20,3% sur l’année, BMW-Mini de 7,1% et Toyota de 15,7%.
Renault affiche au contraire une baisse de 9,6% de ses volumes de vente depuis le début de l’année. Daimler (Mercedes) baisse de 9,4% et Ford de 14,4%.
AFP/LQ