Le constructeur des voitures de sport Aston Martin, pilotées avec bonheur par James Bond, espère peser 5 milliards de livres lors de son entrée en Bourse à Londres qui devra séduire les investisseurs malgré la morosité de l’industrie automobile britannique.
Le fabricant britannique a dévoilé jeudi dans un communiqué les conditions financières de son projet très attendu et dont le principe avait été annoncé fin août. Il propose aux investisseurs une fourchette de prix comprise entre 17,50 et 22,50 livres par action, soit une valorisation espérée de 4 à 5,1 milliards de livres pour l’ensemble du groupe (4,5 à 5,7 milliards d’euros). Cette valorisation, qui lui permettrait de se faire une place au sein des indices les plus prestigieux de la Bourse de Londres, est conforme aux chiffres qui circulaient dans la presse britannique depuis l’annonce de l’opération.
25% de son capital en Bourse
Aston Martin précise que le résultat et le prix de l’introduction en Bourse seront connus le 3 octobre, avec de premiers échanges attendus le même jour. Le groupe entend placer 25% de son capital en Bourse, l’opération prévoyant la vente d’actions de la part de ses principaux propriétaires, le fonds italien Investindustrial, les investisseurs koweïtiens d’Adeem Investments et la société d’investissement Primewagon. Le constructeur allemand Daimler, qui possède 4,9% du capital, conservera en revanche toute sa part et s’est engagé à ne pas la céder pendant au moins un an après l’entrée d’Aston Martin sur le marché londonien. Après des difficultés en début de décennie, Aston Martin se porte mieux désormais.
Il est même revenu dans le vert en 2017 pour la première fois depuis 2010. Fondé en 1913 par deux associés dans un atelier londonien, Aston Martin a gagné ses lettres de noblesse en participant très tôt à la compétition automobile, puis grâce à de nombreux films de la série James Bond, au cours desquels Sean Connery (Goldfinger, 1964) ou encore Daniel Craig (Spectre, 2015) ont piloté ses modèles.
Le modèle Ferrari ?
Le constructeur produit ses voitures exclusivement en Angleterre, notamment à Gaydon (centre) où il est basé, ainsi que sur deux autres sites. Il prévoit d’ouvrir une nouvelle usine au Pays de Galles au premier semestre 2019. « En devenant le seul groupe automobile coté à la Bourse de Londres, Aston Martin Lagonda va offrir aux investisseurs l’occasion parfaite de prendre part à notre succès futur », se félicite Andy Palmer, directeur général de la société, cité dans le communiqué.
Aston Martin fait figure d’exception au Royaume-Uni, puisque non seulement il s’apprête à devenir le seul groupe automobile coté à la Bourse, mais il est également l’un des très rares constructeurs purement britanniques. Le secteur britannique repose en effet principalement sur des groupes étrangers qui assemblent dans le pays des véhicules, dont une bonne partie est exportée. Des marques britanniques illustres sont désormais intégrées dans de plus grands groupes, comme Rolls-Royce qui appartient à l’allemand BMW, Vauxhall au français PSA ou encore Jaguar Land Rover à l’indien Tata Motors.
Aston Martin compte se démarquer avec une entrée en Bourse qui serait la plus emblématique depuis celle du fabricant de voitures de luxe Ferrari à la Bourse de Milan début 2016, une opération qui a été couronnée de succès. Il compte imiter son illustre concurrent italien, en jouant la carte du luxe auprès des investisseurs pour défier un marché automobile britannique déprimé. Les ventes d’automobiles sont en berne, du fait des incertitudes autour de la fin du diesel décidée au Royaume-Uni à l’horizon 2040, sans compter une confiance des consommateurs plus fragiles à l’approche du Brexit. L’industrie ne cesse de lancer des signaux d’alarme contre le risque d’une sortie de l’UE sans accord, qui serait néfaste à ces affaires avec l’instauration de droits de douane avec le continent. Plusieurs constructeurs ont déjà prévenu qu’il serait contraint de revoir leurs investissements dans le pays si ce scénario du pire se concrétisait.
AFP