Jeudi, le directeur général d’ArcelorMittal Luxembourg, Roland Bastian, est revenu sur l’année 2020 et a présenté ses priorités pour l’avenir.
Surcapacités mondiales de l’acier, hausse des prix des matières premières, difficultés d’exporter vers les États-Unis notamment… ArcelorMittal traverse des turbulences depuis plusieurs années. «La crise du coronavirus a aggravé tous ces phénomènes, a souligné, jeudi, le directeur général d’ArcelorMittal Luxembourg lors d’une cérémonie de vœux. L’automobile et la construction ont vu leurs besoins en acier chuter brutalement. Résultat, à la fin du deuxième trimestre 2020, nous nous sommes retrouvés face à un problème structurel.» En septembre, ArcelorMittal Luxembourg annonçait une réduction de 15 % de ses effectifs (environ 3 600 personnes sont actuellement employées chez ArcelorMittal Luxembourg).
Quatre mois, cinq réunions tripartites et 20 réunions du groupe de travail plus tard, le gouvernement, la direction du sidérurgiste et les syndicats ont paraphé, lundi, un accord sur le plan d’avenir sidérurgique «Lux 2025» dans le cadre de la restructuration d’ArcelorMittal. Dans cet accord aucun licenciement, pas de plan social mais une réduction de 536 postes tout de même. Jeudi, Roland Bastian a rappelé les détails de ce plan : «237 salariés qui sont nés avant le 31 décembre 1964, vont être éligibles à une préretraite ajustement, d’autres au dispositif de préretraite classique, et 280 personnes vont être placées dans la CDR (cellule de reclassement)», où les dispositifs de reclassement interne, de missions ponctuelles, de travaux de fortune, de prêt de main-d’œuvre, de formation ou encore d’accompagnement de projets personnels vont être activés.
Dans cet accord tripartite «Lux 2025», ArcelorMittal Luxembourg s’est engagé en contrepartie à investir entre 165 et 205 millions d’euros sur tous ses sites de production (Belval, Differdange, Rodange, Dommeldange et Bissen), qui resteront tous ouverts et emploieront environ 3 000 personnes en tout en 2025. «Entre 90 et 95 millions d’euros seront consacrés à des projets clés pour développer nos sites, détaille le directeur général d’ArcelorMittal Luxembourg. Ensuite, entre 95 et 100 millions d’euros seront consacrés à des projets de maintenance et de renouvellement des équipements des différents sites.» Pour Roland Bastian, cet accord a pour objectif «d’assurer la pérennité de la sidérurgie au Luxembourg».
La carte verte
Aujourd’hui, le géant mondial de la sidérurgie «n’a pas retrouvé ses volumes d’activité d’avant-Covid», souligne le directeur général d’ArcelorMittal et, au niveau mondial, l’année 2020, dont les résultats seront dévoilés le 11 février, a été compliquée mais l’entreprise a, a priori, réussi à réduire ses coûts et sa dette. Néanmoins, Roland Bastian a parlé d’avenir lors de la cérémonie de vœux 2021 : «Notre priorité reste la sécurité et la santé de nos salariés. Nous allons également enclencher les investissements pour restaurer notre compétitivité. Nous allons aussi mettre en place les mesures sociales prévues dans l’accord et poursuivre notre stratégie RSE».
Le directeur général d’ArcelorMittal Luxembourg a aussi rappelé l’objectif de réduction de CO2 de l’entreprise : «-30 % d’ici 2030 et devenir CO2 neutre en 2050». Dans cette optique, la direction d’ArcelorMittal Luxembourg a tenu à présenter un projet de production de biogaz sur son site de Rodange, dont le coût est estimé à 15 millions d’euros – non comptés dans les investissements prévus dans l’accord «Lux 2025» – et qui sera mené avec Encevo et ses filiales Enovos et Lux Energie d’une part, et avec Vow ASA et sa filiale ETIA d’autre part. L’objectif de ce projet est qu’à partir de 2024, le biogaz produit devrait couvrir 25 % des besoins en gaz du site et ainsi réduire de 4 000 tonnes les émissions de CO2 par an. Un projet de panneaux photovoltaïques sur le site de Differdange est aussi en préparation. Roland Bastian le clame : «Nous voulons produire un acier plus respectueux de l’environnement».
Guillaume Chassaing
Un partenaire recherché pour le futur siège du Kirchberg
Le projet de construction du nouveau siège social mondial d’ArcelorMittal au Kirchberg est connu depuis plusieurs années. Et même si le géant sidérurgique est touché par la crise, ce projet est toujours d’actualité. «ArcelorMittal a toujours l’intention de garder son siège social mondial au Luxembourg, souligne Roland Bastian, le directeur général d’ArcelorMittal Luxembourg. Mais la crise actuelle nous oblige à revoir notre structure. Et nous avons besoin de moins de place qu’initialement prévu. Nous sommes en train de chercher un partenaire pour partager l’occupation et le coût du bâtiment.» Roland Bastian n’a pas voulu se prononcer sur le planning de la réalisation du projet.