Face à la concurrence de l’aluminium, le groupe sidérurgique ArcelorMittal multiplie les sites de production de son produit phare pour l’automobile, l’Usibor, jusqu’ici fabriqué principalement à Florange, en France, afin de se rapprocher de ses clients et profiter du rebond de l’automobile.
Plombé par la chute des cours du minerai de fer et les incertitudes sur l’économie chinoise, avec une cotation qui a atteint son plus bas niveau historique cette semaine à 6,33 euros, ArcelorMittal table sur le rebond de l’automobile en Europe et aux États-Unis, ses deux marchés les plus importants, pour redresser la barre.
Pour se rapprocher de ses clients, le groupe sidérurgique a choisi de produire l’Usibor, un acier revêtu d’aluminium qui permet d’alléger le poids d’un véhicule, sur cinq nouveaux sites, dont deux aux États-Unis, et les trois autres en Espagne, au Brésil et en Chine.
« Nos clients souhaitent que nous produisions localement », a expliqué Philippe Aubron, directeur des ventes Automobile Europe, lors d’une présentation à la presse de l’usine de Sagonte (est de l’Espagne), où le groupe a investi 9 millions d’euros pour commencer dès cet automne la production de son produit phare afin de fournir les constructeurs situés sur le bassin méditerranéen, y compris au Maroc et en Turquie.
« Nos ventes de l’Usibor progressent de plus de 10% par année et notre capacité de production devenait limitée », a expliqué Philippe Baudon, le directeur général Flans soudés (Tailored Blanks), convaincu de l’intérêt des constructeurs pour un acier 20% plus léger qui permet de réduire la consommation des véhicules.
L’Usibor était produit jusqu’à présent principalement à Florange (est de la France), ainsi que sur les sites d’ArcelorMittal à Mouzon (est) et au Luxembourg.
A Sagonte, « notre production d’Usibor devrait atteindre 75 000 tonnes en 2016 et 150.000 en 2017 », selon Pablo Avello, le directeur de l’usine, qui ne prévoit pas pour autant une hausse de la production totale de l’usine, qui emploie environ 1 100 personnes.
Des transferts de commandes
Le site, situé sur les rives de la Méditerranée, est fourni en brames d’acier à parts égales par les hauts-fourneaux du groupe dans les Asturies (nord de l’Espagne) et ceux de Fos-sur-Mer, près de Marseille (sud-est de la France).
Dans un premier temps, ce transfert de production de l’Usibor aux quatre coins du monde aura des répercussions sur les sites qui avaient jusqu’à présent le monopole de la production, admet M. Baudon.
« Au démarrage, il va y avoir un transfert de commandes qui sont faites aujourd’hui dans le nord de l’Europe sur Sagonte », affirme M. Baudon, qui table toutefois sur la poursuite de la hausse de la demande pour compenser cette baisse initiale.
Le groupe, qui exporte actuellement de l’Usibor vers la Chine, va profiter de sa coentreprise avec le groupe local Valin, pour produire cet acier allégé au coeur du géant asiatique, le plus grand marché automobile au monde.
Mais cette mondialisation de la production de l’Usibor répond surtout au besoin du géant mondial de l’acier de répondre à la concurrence de l’aluminium, qui s’est adjugé une victoire de prestige avec la décision de Ford l’an dernier d’utiliser ce matériau pour son pick-up F150, le plus vendu aux Etats-Unis.
ArcelorMittal s’efforce de démontrer que son produit est à la fois plus léger, plus résistant et… moins cher. « Nous proposons des solutions aux constructeurs automobiles privilégiant l’acier pour répondre à leurs attentes en termes d’allègement et de sécurité, à un coût plus attractif que celui de l’aluminium », assure M. Baudon.
Face au F150 en aluminium, ArcelorMittal réplique que ses aciers allégés « permettent aussi d’atteindre les réductions de consommation visés par les groupes automobiles », affirme Greg Ludkowsky, le patron de recherche et développement. « Tout ça au même prix, vu que le poids est plus faible », ajoute-t-il.
Le groupe est d’ailleurs en train de commercialiser un nouvel acier allégé, le Fortiform. Il a investi 140 millions d’euros sur son site de Gand, en Belgique, qui « permettra des gains de poids de 10% pour la première génération et de 20% pour la seconde », a souligné M. Aubron. Cet acier sera également produit sur le site américain de Calvert, en Alabama (sud).
AFP/M.R.