ArcelorMittal a présenté jeudi ses derniers investissements majeurs à Differdange, destinés à assurer la pérennité du site, en présence du Grand-Duc héritier.
C’était l’une des conditions de l’accord tripartite baptisé «LUX2025» conclu le 25 janvier dernier entre ArcelorMittal Luxembourg, le gouvernement et les partenaires sociaux : investir afin d’assurer la pérennité des sites de production du Luxembourg et ainsi sécuriser au maximum les emplois.
D’ici 2025, entre 165 et 205 millions d’euros seront donc injectés dans les usines, dont pas moins de 70 millions sur le seul site de Differdange. Le leader mondial de l’acier a d’ailleurs présenté jeudi ses premiers investissements majeurs pour Differdange, qui se chiffrent déjà à près de 50 millions d’euros : l’acquisition d’une nouvelle dresseuse à galets (pour le dressage des poutres), d’un montant de 40 millions d’euros, ainsi que la mise en place d’un nouveau procédé de traitement thermomécanique sur la ligne de laminage (8,5 millions d’euros).
Avec cette dresseuse, entrée en phase industrielle en 2020, c’est une meilleure qualité de poutrelles et une plus grande efficacité en termes de production que le site s’assure. Quant au nouveau procédé de traitement, il va permettre un net gain de poids, tout en garantissant une haute limite d’élasticité et une excellente aptitude au soudage.
Ces installations devraient permettre à Differdange de conserver sa réputation mondiale, le site produisant les poutrelles les plus lourdes, les plus hautes et les plus larges au monde, comme l’a rappelé Roland Bastian, le directeur général d’ArcelorMittal Luxembourg, au cours de cette présentation à laquelle ont assisté le Grand-Duc héritier et le ministre de l’Économie, Franz Fayot : «Nos produits innovants, toujours plus respectueux de l’environnement et intégrés dans de prestigieux projets, permettent au Grand-Duché de rayonner bien au-delà de ses frontières.»
Crise de la sidérurgie
«Éléments de fierté» et véritables «cartes de visite» du groupe, comme les a qualifiés Thomas Georges, le PDG d’ArcelorMittal Differdange, les projets grandioses auxquels contribue le site de Differdange parlent en effet d’eux-mêmes : des gratte-ciels résistant aux tremblements de terre à Manille; la gare à Chicago; la tour Lakhta Center à Saint-Pétersbourg (la plus haute d’Europe); la tour Mohammed VI à Rabat (la plus haute d’Afrique); le pont Padma, long de 6 kilomètres, au Bangladesh… Présent dans 60 pays, ArcelorMittal est ainsi le principal fournisseur d’acier des grands marchés mondiaux, que ce soit dans les secteurs de l’automobile, de la construction, de l’électroménager ou de l’emballage. Les produits exportés par ArcelorMittal représentent à eux seuls 14 % des exportations du Luxembourg.
Mais ces réussites ne font pas oublier la crise sévère que traverse le secteur sidérurgique depuis 2018, aggravée encore par la pandémie qui en a accentué tous les phénomènes : surcapacités mondiales de l’acier, concurrence, hausse des prix des matières premières, besoins en acier qui ont fortement chuté dans les secteurs de l’automobile et de la construction… Sans oublier les barrières commerciales entre 2018 et 2020 qui ont fortement perturbé les capacités des usines à exporter vers certains marchés, notamment le marché américain. «Les restrictions douanières ont provoqué une chute de 50 % des exportations de Differdange vers le continent américain», rappelle Thomas Georges.
Résultat : ArcelorMittal supprime 500 emplois au Grand-Duché, dont 200 préretraites. Les quelque 3 000 restants (le groupe emploie actuellement 3 662 salariés sur le territoire, dont 700 sur le site de Differdange) sont garantis jusqu’en 2025, voire peut-être au-delà grâce à ces nouveaux investissements.
Tatiana Salvan
Rien ne se perd...
Rien ne se perd, tout se transforme. ArcelorMittal semble avoir fait sienne la maxime attribuée à Lavoisier. Déchets du bâtiment, de l’industrie automobile ou copeaux de fraisage… Au total, pas moins de 2 millions de tonnes d’acier fondue à 1 600 °C dans les fours électriques sont recyclées pour fabriquer de nouvelles poutrelles. «L’acier est le matériau le plus recyclable et le mieux recyclé au monde», rappelle le groupe qui compte s’engager davantage encore dans des démarches d’économie circulaire : récupération de chaleur, réutilisation des gaz sidérurgiques…
Des démarches soutenues par le ministère de l’Économie, qui a d’ailleurs cofinancé une partie du programme de modernisation du site de Differdange, comme l’a souligné le ministre Franz Fayot au cours de la visite de jeudi : «ArcelorMittal continue à investir durablement sur son site de Differdange, dans des installations plus modernes permettant notamment des économies d’énergie. Afin de soutenir un développement durable de l’économie luxembourgeoise, le ministère de l’Économie s’engage à accompagner les acteurs industriels luxembourgeois dans la transition digitale et écologique. ArcelorMittal occupe une place bien particulière dans ce contexte.»