Le groupe sidérurgique ArcelorMittal, au plus bas en Bourse, a appelé vendredi l’Union européenne (UE) à lutter contre le «dumping» chinois dans l’acier, dont les bas prix concurrencent la production sur le Vieux continent.
«Les conditions d’opération qui étaient déjà difficiles ont continué de se détériorer au cours des derniers mois en raison de baisses supplémentaires du prix de l’acier dues à des prix chinois à l’exportation exceptionnellement bas», a expliqué le PDG Lakshmi Mittal, dans un communiqué, à l’occasion de la publication des résultats trimestriels du groupe.
«Les gouvernements doivent prendre en compte d’importants problèmes, tout particulièrement en relation avec le commerce injuste», a prévenu le patron du groupe, dans une allusion à la concurrence chinoise.
La Chine, dont l’économie a fortement ralenti, dispose désormais d’infrastructures surcapacitaires dans la sidérurgie et cherche à écouler une partie de sa production à l’international. «Les importations d’acier chinois ont augmenté de 40% au troisième trimestre en Europe», a pointé le directeur général Aditya Mittal, lors d’une conférence téléphonique.
«Nous sommes encouragés par les différents exemples de mesures commerciales prises face au dumping, mais la procédure doit être plus rapide afin d’être complètement effective» pour protéger la production locale d’acier face aux importations, a encore déclaré Lakshmi Mittal.
En mars, l’Union européenne a imposé des taxes antidumping visant des produits en acier inox provenant de Chine. En mai, Bruxelles a ouvert une enquête antidumping sur les importations de certains produits en acier venant de Chine et de Russie, suite à une plainte déposée par des représentants du secteur s’estimant victimes d’un préjudice.
Bruxelles dispose d’un délai de 15 mois pour mener à bien cette enquête et éventuellement imposer des droits de douane. ArcelorMittal est également frappé par l’effondrement du prix du minerai de fer, qui s’est écroulé en raison de la baisse de la demande en Chine.
Le géant de l’acier a plongé dans le rouge au troisième trimestre avec des pertes atteignant 711 millions de dollars, contraignant le groupe à abaisser ses objectifs pour la deuxième fois cette année. Face à cette situation, ArcelorMittal a suspendu le versement de dividendes pour l’exercice 2015 et diminué ses investissements.
Pour l’année prochaine, il prévoit des mesures «d’optimisation de ses actifs» dans les Amériques, en particulier aux Etats-Unis et au Brésil, afin de dégager 1 milliard d’excédent brut d’exploitation (Ebitda) supplémentaire.
Pour l’Europe, il table sur «des bénéfices supplémentaires» de la restructuration menée ces dernières années, qui a conduit le groupe à éteindre ses hauts-fourneaux de Florange (Moselle) et de Liège (Belgique).
En Bourse, le titre se trouve à des plus bas historiques et tourne autour de 5 euros depuis la rentrée.
AFP/M.R.