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Andrew Bailey, gouverneur de la BoE secoué par le Covid et les scandales


Le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Andrew Bailey. (photo AFP)

Andrew Bailey tient le gouvernail de la Banque d’Angleterre depuis un an, navigant entre la tempête du Covid-19 et une accumulation de scandales qui ont fait tanguer l’ancien directeur du gendarme boursier britannique.

Plus discret que son prédécesseur, le charismatique Mark Carney, Andrew Bailey a commencé sa carrière de gouverneur dans le feu de l’action, alors que le Covid-19 se propageait au Royaume-Uni, provoquant un choc financier historique. « Au troisième jour de mon mandat, l’équipe marchés de la Banque est rentrée dans mon bureau pour me dire, ‘il faut qu’on parle’. Ce n’est jamais bon signe », confiait-il au Financial Times en mai dernier.

C’est sous sa houlette que la Banque d’Angleterre a abaissé ses taux directeurs à un plus bas historique et augmenté son programme de rachats d’actifs pour empêcher l’économie de sombrer. Un an plus tard, alors que la campagne de vaccination avance à grands pas au Royaume-Uni et que le pays a entamé un déconfinement prudent, les perspectives économiques s’améliorent, et la BoE annoncera ce jeudi sa dernière décision de politique monétaire.

Mais plusieurs scandales, accumulés au long d’une carrière dans les rouages de la City, risquent de rendre 2021 aussi mouvementé pour Andrew Bailey que l’année précédente. À 61 ans, ce natif de Leicester au Royaume-Uni, diplômé d’un doctorat de Queen’s College à Cambridge, a commencé comme chercheur à la London School of Economics – où sa femme Cheryl Schonhardt-Bailey est professeure de sciences politiques – avant d’entrer en 1985 à la BoE, où il a passé l’essentiel de sa carrière.

Père de deux enfants, ce brun au visage rond portant des lunettes métalliques a joué un rôle clé pendant la crise financière de 2008, lorsqu’il était responsable des opérations spéciales de l’institut monétaire, agissant notamment pour le sauvetage sur les deniers publics de la Royal Bank of Scotland.

Passage « difficile » au FCA

En 2016, il quitte l’institution pour rejoindre la FCA, le gendarme financier de la City, un poste pour lequel on est venu le chercher, a-t-il rappelé avant de prendre ses fonctions à la BoE, devant des parlementaires l’attaquant sur son bilan. Cela a été une fonction « très difficile », a-t-il reconnu avant de préciser qu’il ne regrettait pas de l’avoir acceptée.

Sous son mandat, la FCA a pâti de plusieurs scandales financiers ayant entaché sa réputation, notamment la chute du fonds de l’ex-investisseur vedette Neil Woodford ou la faillite de London Capital & Finance (LCF), qui vendait des obligations à haut rendement mais qui se sont révélées très risquées.

La chute de LCF, en particulier, continue de poursuivre le gouverneur. La juge Elizabeth Gloster, chargée de mener une enquête sur la responsabilité du FCA dans ce dossier qui a fait perdre leurs économies à des milliers d’investisseurs, a accusé Andrew Bailey d’avoir fait pression sur elle pour que son nom n’apparaisse pas dans son rapport, ce que ce dernier dément.

Un défendeur de la City

Lors de ses passages devant le Parlement britannique pour expliquer ses décisions monétaires, entre deux questions sur l’inflation et le marché obligataire, il doit donc régulièrement défendre son bilan à son poste précédent.

Andrew Bailey se démarque également de son prédécesseur sur le Brexit. Là où le Canadien Mark Carney insistait sur le coût qu’aurait la sortie de l’UE pour le Royaume-Uni, avec des prévisions jugées parfois trop pessimistes par les partisans du Brexit, Andrew Bailey s’est montré au contraire prêt à défendre la City coûte que coûte.

Les négociations se poursuivent actuellement entre l’UE et le Royaume-Uni sur la finance, secteur quasiment ignoré de l’accord commercial conclu fin décembre. Alors que l’UE s’inquiète de voir une grande partie de son activité financière passer par Londres, qu’elle ne régule plus, Andrew Bailey a affirmé : « Nous devrons résister avec vigueur » pour conserver l’activité des chambres de compensation en euro au Royaume-Uni.

AFP/LQ