Alibaba a fait une arrivée en fanfare mardi à la Bourse de Hong Kong, où l’action du géant chinois du commerce en ligne a bondi de près de 8% dès les premières minutes de cotation.
Signe de la tension qui règne dans l’ex-colonie britannique après près de six mois d’agitation contre l’exécutif pro-Pékin, des forces anti-émeutes stationnaient devant le siège de la Bourse alors que se déroulait une cérémonie en l’honneur d’Alibaba. Le groupe, fondé par l’excentrique multimilliardaire Jack Ma, a présenté son introduction à la Bourse de Hong Kong comme un signal de confiance envers la grande place financière du sud de la Chine. « En cette période de changement, nous continuons à croire que l’avenir de Hong Kong reste resplendissant. Nous espérons contribuer, à notre manière, à l’avenir de Hong Kong », avait assuré le PDG du groupe, Daniel Zhang, en annonçant l’opération le 15 novembre.
Mardi, dès les premières minutes de cotation des 500 millions de nouvelles actions, les titres ont gagné près de 8%, cotant jusqu’à 189,50 dollars de Hong Kong (HKD), alors qu’Alibaba les a vendus au prix de 176 HKD l’unité. L’action s’inscrit ainsi au-dessus du prix maximum de 188 HKD qu’Alibaba avait annoncé mi-novembre lors du lancement de l’opération. Au final, le groupe devrait pouvoir lever aisément près de 10 milliards d’euros. Il dispose d’une option de sur-allocation de 75 millions de titres qu’il peut exercer dans un délai d’un mois.
« Hong Kong est un nouveau départ »
Le mastodonte chinois avait déjà réalisé en 2014 à Wall Street la plus grosse introduction en Bourse de tous les temps, en récoltant 25 milliards de dollars. A Hong Kong, son opération est la plus grosse depuis 2010, même si le montant final sera en retrait par rapport aux 20 milliards de dollars US évoqués par les médias spécialisés en milieu d’année. Alibaba avait prévu d’entrer sur la place asiatique l’été dernier mais avait remis son projet à plus tard en raison de la guerre commerciale sino-américaine et de la crise politique à Hong Kong. Sa cotation à New York avait été perçue comme un revers pour la Chine et plus particulièrement pour Hong Kong. La place boursière a finalement modifié ses règles ces dernières années afin d’autoriser une entreprise à être cotée sur deux places différentes.
Les dirigeants chinois cherchent à encourager les géants de la tech à être cotés plus près de Pékin, après la perte d’Alibaba, mais aussi du géant de l’internet Baidu, au profit de Wall Street. Le régime communiste a ainsi ouvert en juillet dernier une nouvelle plateforme de cotation à la Bourse de Shanghai pour les valeurs technologiques, avec l’espoir de concurrencer le Nasdaq newyorkais. Interrogé mardi pour savoir si Alibaba comptait s’introduire en Bourse en Chine continentale, Daniel Zhang a répondu: « Hong Kong est un nouveau départ mais ce n’est sûrement pas la fin de l’histoire ».
2 milliards de consommateurs pour 2036
Le mastodonte fondé en 1999 a profité à plein du phénoménal appétit des consommateurs pour le commerce en ligne — un sport national en Chine — et est devenu l’une des entreprises à la plus forte capitalisation boursière au monde: les actions mises sur le marché à Hong Kong ne représentent que 2,8% du capital du groupe. Ses différentes plateformes de commerce en ligne réunissent en Chine même 785 millions d’utilisateurs mensuels sur téléphone portable. A l’horizon de cinq ans, le groupe ambitionne de compter en Chine un milliard de consommateurs (sur une population totale de 1,4 milliard d’habitants).
Les fonds levés à Hong Kong doivent l’aider à se développer à l’international: en 2036, l’objectif d’Alibaba est de totaliser 2 milliards de consommateurs au plan mondial. Alors que Jack Ma, 55 ans, a pris sa retraite en septembre dernier, son groupe a plus que triplé son bénéfice net au dernier trimestre à 9,24 milliards d’euros, tandis que son chiffre d’affaires bondissait de 40% à 15,15 mds EUR.
LQ / AFP