Selon les prévisions, le secteur agricole s’est plutôt bien sorti de la crise en 2022. Mais la situation reste très volatile et fragile.
Lundi s’est déroulée la 4e réunion de concertation entre le ministre de l’Agriculture, Claude Haagen, et les représentants des filières agricoles et de la transformation agro-alimentaire. C’était la 4e du genre, lancée depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022.
La réunion a d’abord porté sur le bilan de l’année 2021. Le Service d’économie rurale (SER) a présenté les résultats définitifs. Le résultat d’exploitation des entreprises agricoles luxembourgeoises a baissé de 10% en 2021 par rapport à l’année 2020, toutes filières agricoles confondues, à la suite de l’envolée des prix de l’énergie, des semences, des engrais et l’alimentation du bétail lors du dernier trimestre 2021. Les chiffres se basent sur les résultats de production agricole de 521 exploitations qui participent au réseau de comptabilité agricole du ministère de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural et sont extrapolés aux 1 316 entreprises agricoles principales du Grand-Duché, précise encore le communiqué du ministère.
Une hausse des résultats en 2022
Puis, des résultats prévisionnels pour 2022 ont été avancées, une année exceptionnelle par son contexte entre la guerre en Ukraine, l’envolée des cours des produits agricoles, mais aussi l’augmentation des coûts de l’énergie et des entrants. Malgré ces données peu réjouissantes, le SER prévoit une hausse des résultats d’exploitation moyens de 67%, toutes filières confondues.
Cette situation, quelque peu contre-intuitive, s’explique par la hausse des prix des produits agricoles, en particulier du lait, locomotive de l’agriculture luxembourgeoise, qui génère plus de 40% de la valeur totale de production agricole du pays. Mais pas seulement. Le ministère explique encore cette hausse des résultats par une gestion parcimonieuse des stocks existants de fourrages et d’engrais organiques en combinaison avec une utilisation d’intrants extrêmement raisonnée ; et par la bonne gestion de crise, à la fois du côté des exploitants agricoles et du gouvernement. Néanmoins, la viticulture a subi une baisse de la quantité de production à la suite de la sécheresse prolongée et souffre d’une diminution de 15% du résultat d’exploitation prévisionnel.
Une situation néanmoins encore imprévisible en 2023
Si le résultat global 2022 s’annonce positif, Claude Haagen a tenu à mettre en garde contre de fausses conclusions. Le secteur agricole est soumis aux cours des marchés mondiaux, volatiles face au moindre changement de donne géopolitique et au dérèglement climatique : «La hausse des résultats de l’agriculture 2022 est marquée par l’augmentation des prix des produits agricoles (lait, céréales, viande bovine et porcine) d’un côté, mais le secteur reste sous pression face à la volatilité et l’envolée des prix de l’énergie, de l’engrais, et de l’alimentation du bétail de l’autre côté, prévient le ministre. Les disparités s’annoncent aussi marquées entre les filières et les types d’exploitations.»
Comme en 2022, le résultat de chaque exploitation dépendra aussi en 2023 de la date d’achat des intrants et de la situation du marché lors de la vente de son produit, l’imprévisibilité persistera. Voilà pourquoi une gestion de crise prudente reste d’actualité. D’ailleurs, le ministère de l’Agriculture restera en échange permanent avec le secteur agricole et avec celui de la transformation agroalimentaire pour pouvoir réagir rapidement le cas échéant, conclut le ministère.