Le chancelier allemand souhaite que l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur, toujours en suspens, se concrétise.
Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a appelé hier toutes les parties à faire des «compromis» et à agir avec «pragmatisme» pour finaliser l’accord commercial entre l’UE et le Mercosur, dont la conclusion semble à nouveau reportée. Lors d’une conférence de presse à Berlin avec le dirigeant allemand, le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a affirmé de son côté qu’il «n’abandonnait pas» cet objectif, incitant Olaf Scholz à convaincre le président français, Emmanuel Macron, qui «comme ses prédécesseurs», a émis des réserves sur cet accord que l’UE espérait finaliser d’ici la fin de l’année. Signé en 2019, après vingt ans de négociations complexes, le traité de libre-échange entre le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay) et l’Union européenne n’a jamais été finalisé, notamment en raison de réticences sur les politiques environnementales du Brésil quand Jair Bolsonaro était au pouvoir.
La Commission européenne, qui négocie au nom des 27 pays de l’UE, et le Brésil – président en exercice du Mercosur – avaient bon espoir de sceller définitivement cet accord lors d’une réunion à Rio le 7 décembre. Or, le week-end dernier, la France, puis l’Argentine ont exprimé leurs réticences à propos de ce traité de libre-échange. «J’ai parlé au président Macron» le week-end dernier, a déclaré Lula. «Comme tous les présidents français», il a fait part de «problèmes financiers avec les agriculteurs français», a-t-il ajouté. Emmanuel Macron avait jugé samedi à Dubai cet accord «mal rapiécé», estimant qu’il «ne prenait pas en compte la biodiversité et le climat».
Un accord «dès que possible»
Quant à l’Argentine, elle a estimé dimanche que les conditions n’étaient pas encore réunies pour une finalisation. Tant le président argentin sortant, Alberto Fernandez, que son ministre des Affaires étrangères, Santiago Cafiero, qui quitteront leurs fonctions le 10 décembre à l’arrivée au pouvoir de l’ultralibéral Javier Milei, ont assuré que la signature de l’accord dans sa version actuelle ne pouvait pas encore être envisagée. L’UE et le Mercosur visent toujours à conclure l’accord «dès que possible», a déclaré le porte-parole de la Commission européenne, Balazs Ujvari, lundi à Bruxelles, assurant que des progrès substantiels ont été réalisés au cours du mois dernier, notamment sur l’aspect climatique.
L’Allemagne est au sein de l’UE l’un des plus fervents partisans de ce traité de libre-échange jugé indispensable par son puissant secteur industriel. Résumant les difficultés des discussions lors d’un forum économique germano-brésilien hier à Berlin, le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, a lancé aux Brésiliens : «Chacun a son voisin. Vous avez l’Argentine, nous avons la France».