La zone euro faisait le point ce lundi à Luxembourg sur la mise en œuvre des mesures demandées à Athènes en échange du plan d’aide de 86 milliards d’euros, alors que le Premier ministre grec doit présenter à Athènes les lignes générales de sa politique économique et sociale.
Cette réunion des ministres des Finances est la première depuis la réélection d’Alexis Tsipras en Grèce. Elle signe le retour d’Euclide Tsakalotos – très apprécié de ses collègues européens, qui a été renommé ministre des Finances et hérite d’une lourde tâche. À Athènes, M. Tsipras va profiter de la première séance du nouveau Parlement, depuis les législatives du 20 septembre, pour aborder les mesures réclamées par les créanciers et présenter son programme pour lutter contre le chômage et la pauvreté.
Selon la presse grecque, il pourrait aussi annoncer des prévisions budgétaires révisées pour 2015 et 2016. « Il va falloir certainement adopter de nouvelles mesures d’ici à la mi-octobre », a indiqué Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques, à son arrivée à la réunion à Luxembourg.
D’ici fin octobre, le gouvernement d’Alexis Tsipras doit faire adopter un rectificatif au budget 2015 comprenant de nouvelles coupes dans les retraites, une réforme de l’impôt sur le revenu et un durcissement de la fiscalité pesant sur les agriculteurs. « Des décisions difficiles » s’annoncent, a anticipé le Premier ministre, fraîchement réélu. Il doit aller vite pour obtenir le déblocage de deux milliards, puis d’un autre milliard d’euros, en principe d’ici fin novembre, en fonction de l’avancée de la mise en place des réformes contenues dans le programme.
Athènes a jusqu’ici reçu 13 milliards d’euros de la zone euro depuis l’accord échafaudé en plein cœur de l’été, mais cette somme a principalement servi à rembourser la Banque centrale européenne (BCE) et un prêt-relais fourni en urgence courant juillet.
Lundi, la zone euro devrait trouver « une position commune » sur le déboursement de la sous-tranche de deux milliards d’euros, a estimé le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, c’est-à-dire décider quelles seront les conditions associées à ce versement. Le travail va notamment porter sur les réformes du régime de retraites et du marché de l’emploi, a souligné Jeroen Dijsselbloem, le patron de l’Eurogroupe.
Les créanciers mèneront ensuite une évaluation du programme de réformes, qui doit commencer courant octobre. « Le calendrier précis n’est pas connu. Il y a une forte probabilité que la première évaluation (…) ne soit pas terminée à la fin du mois », comme initialement prévu, estime un responsable de la zone euro, refusant de parler de retard. De l’avis de tous, la tâche est herculéenne. Côté grec, les autorités n’ont pas d’intérêt à faire traîner les choses.
« Nous devons rapidement achever la première évaluation, afin que l’indispensable discussion sur la restructuration de la dette puisse commencer », a déclaré samedi M. Tsipras. « Notre but principal est de nous affranchir le plus tôt possible de la supervision (des créanciers) et de revenir sur les marchés financiers internationaux », a-t-il ajouté.
Dans un entretien fin septembre au Financial Times, le ministre grec des Finances a d’ailleurs laissé entendre que l’audit pourrait être conclu fin novembre, ouvrant la voie, avant la fin d’année, à une discussion sur la dette, que le nouveau programme de prêts fera grimper à 200% du PIB. Mais avant, une autre question doit être réglée, celle de la recapitalisation des banques alors que des mesures de contrôle ont été imposées fin juin pour stopper l’hémorragie des capitaux.
Une enveloppe de dix milliards a été mise à disposition fin août sur un compte séparé au Luxembourg. Quelque 15 milliards d’euros supplémentaires sont prévus, mais ne seront disponibles que jusqu’au 15 novembre. Pour que les banques en bénéficient, la BCE doit avoir mené à bien les tests de résistance sur quatre d’entre elles et Athènes doit mettre en oeuvre une série de réformes en particulier dans le secteur financier.
AFP / S.A.