L’élu écologiste François Benoy se réjouit du caractère contraignant du troisième plan national pour le développement durable. Avec 118 indicateurs, il devrait permettre de procéder régulièrement à des évaluations de l’évolution de la situation au Grand-Duché.
Le troisième plan national pour le développement durable vient d’être adopté. Une évaluation des deux précédents a-t-elle été faite ?
Disons que le premier plan national élaboré en 1999 n’était pas contraignant, il portait sur des recommandations sans servir de base légale. Le gouvernement l’avait adopté conformément à l’engagement pris à Rio en 1992. Il précisait les domaines d’action prioritaires du Luxembourg en matière de développement durable. Son but était de préparer le pays au défi environnemental à travers l’efficacité économique, la solidarité sociale et la protection de la nature. C’est la loi du 25 juin 2004 qui a fixé le cadre législatif pour le développement durable au Luxembourg. Elle a créé le Conseil supérieur pour un développement durable (CSDD) et la Commission interdépartementale de développement durable (CIDD).
Mais toujours pas d’évaluation ?
Si, cette même loi de 2004 oblige à rédiger un rapport national tous les deux ans dont se charge le Statec. Il décrit la situation du Luxembourg en matière de développement durable et passe en revue les succès obtenus comme les erreurs commises. Ce rapport national contient déjà des indicateurs qui servent d’outil de mesure quant aux progrès réalisés sur la voie du développement durable. Sans pouvoir m’étendre sur les anciens plans, je sais que le troisième comporte quelque 118 indicateurs pour les différentes cibles et c’est très important pour procéder à une évaluation tous les deux ans. Ce qui est important, c’est que ce plan soit dorénavant bien ficelé.
Il n’y a pas d’objectifs chiffrés dans ce plan, par exemple…
Non, il n’y a pas vraiment d’objectifs chiffrés, mais des buts à atteindre. Nous avons 17 objectifs de développement durable selon l’Agenda 2030 des Nations unies. À partir de là, nous nous sommes concentrés sur les cibles importantes pour le Luxembourg, elles ne le sont pas toutes comme par exemple la biodiversité en milieu marin qui ne nous concerne pas. Nous avons retenu dix champs d’action qui comportent chacun une vision à long terme et des actions concrètes. Dans sa première ébauche, le plan présentait six champs d’action retenus par le gouvernement. Après le travail de la plateforme, quatre autres ont été ajoutés et c’est le résultat de l’approche participative. Il est donc capital que tous les acteurs travaillent ensemble.
Quels sont les dix champs d’action finalement retenus pour le Luxembourg?
Assurer une inclusion sociale et une éducation pour tous; assurer des conditions pour une population en bonne santé; promouvoir une consommation et une production durables; diversifier et assurer une économie inclusive et porteuse d’avenir; planifier et coordonner l’utilisation du territoire; assurer une mobilité durable; arrêter la dégradation de notre environnement et respecter les capacités des ressources naturelles; protéger le climat, s’adapter au changement climatique et assurer une énergie durable; contribuer, sur le plan global, à l’éradication de la pauvreté et à la cohérence des politiques pour un développement durable et enfin garantir des finances durables. Marc Angel et moi avons demandé des avis de toutes les commissions concernées par ces thèmes et nous en avons eu dix en tout.
La grande nouveauté de ce troisième plan, ce sont les indicateurs…
En dehors du fait qu’il a été élaboré dans une démarche plus participative, oui les indicateurs sont une nouveauté. Ils vont nous donner beaucoup plus de possibilités pour évaluer le travail réalisé. Je vais regarder très sérieusement dans deux ans les résultats de ce plan que nous devons utiliser comme un document de travail. L’avant-projet a été déposé par l’ancien gouvernement, qui est certes resté le même, mais beaucoup de choses se sont passées depuis.
Retrouvez l’intégralité de l’entretien avec notre journaliste Geneviève Montaigu dans notre édition du 22 juillet 2019.