Le pianiste, compositeur et présentateur télé Jean-François Zygel était, mercredi soir, avec l’OPL à la Philharmonie de Luxembourg, pour une soirée «Dating» consacrée à Carmen de Bizet. Rencontre. L’an prochain, Zygel sera même en résidence à la Philharmonie avec pas moins de sept événements au programme.
Vous êtes un passionné de cinéma, pourquoi avoir choisi la musique ?
Jean-François Zygel : J’ai décidé de devenir musicien à l’âge de 8 ans et je n’ai jamais changé d’avis. Je n’ai découvert le cinéma que beaucoup plus tard. Et vous dites que je suis passionné de cinéma, mais je suis surtout passionné de cinéma muet. Pour moi, le cinéma s’arrête quasiment en 1927 avec Le Chanteur de jazz (rire).
Plus sérieusement, j’aime l’immatériel, l’invisible. Et la musique c’est extraordinaire pour ça. C’est la même chose quand je la compose, je la joue, je l’improvise ou même que je l’explique. C’est uniquement par la symétrie et la combinaison de formes abstraites qu’on arrive à déployer des sentiments. C’est fascinant. Et pour revenir à votre question, passionné ne veut pas dire qu’on serait bon à ça.
Racontez-nous ce moment, à 8 ans, où vous avez su que vous consacreriez votre vie à la musique.
Je m’en souviens très bien. C’était à l’école. On nous a montré un petit film intitulé Mozart enfant prodige où on voit le jeune Mozart à l’âge, lui aussi, de 8 ans, avec une perruque – ça j’aimais moins – qui improvisait sur des thèmes d’opéra que lui donnaient les marquises et les duchesses. À la fin, il était couvert de bisous et on lui offrait du chocolat chaud. À l’époque, je voulais être astronaute, journaliste ou pompier, mais je me suis dit que ça avait l’air d’être un très bon métier.
J’ai donc décidé que comme métier je ferais Mozart. Je ne viens pas d’une famille de musiciens, j’ai donc commencé à dessiner des touches de piano sur la table de la cuisine et j’ai eu mes parents à l’usure qui ont fini par m’acheter un piano. Et j’ai tout de suite commencé à faire comme Mozart, à composer et à improviser.
Vous aimez marier la musique classique à d’autres styles ou arts : jazz, musiques du monde, opéra, théâtre, danse, cinéma… Pour vous, la musique n’a clairement aucune frontière.
La véritable frontière, pour moi, est entre art et divertissement. La musique classique a toujours intégré d’autres choses. Et ça vaut pour tous les arts d’ailleurs. Mais peu importe ce que vous intégrez, il faut en faire quelque chose de nouveau. Ça c’est l’art. Pas répondre à un besoin. Sinon, c’est du divertissement. C’est une différence un peu niée aujourd’hui, mais qui pour moi reste primordiale.
Entretien avec Pablo Chimienti
A retrouver en intégralité dans Le Quotidien papier de ce vendredi