La salle obscure reste le lieu idéal pour découvrir un film. Mais quand on rate la perle rare, on peut désormais se rattraper à travers la «Video on demand», même en ce qui concerne le cinéma grand-ducal.
Lancée avec un catalogue de 750 films en mai dernier, la plateforme vod.lu en propose désormais 1 674. Et «le catalogue s’enrichit constamment, avec de nouveaux achats de droits tous les mois», note Maxime Lacour, le directeur d’UniversCiné Luxembourg, société qui gère vod.lu. «Plusieurs centaines de films vont être activés dans les prochains mois et notre objectif est d’en proposer plus de 3 500 à la mi-2017», ajoute-t-il.
D’ailleurs, on peut voir sur le site les prochains films à «l’affiche» : Les Malheurs de Sophie, Good Luck Algeria, Maggie’s Plan, Elle, Julieta, The Neon Demon, The Nice Guys ou encore Ma Loute et L’Outsider. Des films qu’on vient de découvrir en salles tout récemment. «Un film sort en VOD entre trois et six mois après sa sortie en salle, ce qui laisse le temps aux exploitants cinéma de faire vivre les films», reprend le responsable. «Après chez nous, ils restent pour une durée illimitée.» Salle de cinéma et offre VOD seraient, en d’autres termes, parfaitement complémentaires.
La plateforme propose ainsi aux cinéphiles grand-ducaux des films qui ne sont pas arrivés dans les salles luxembourgeoises; la présence du très controversé Merci patron ! parmi les films bientôt disponibles, est là pour le prouver. Vod.lu offre aussi séries, courts métrages, documentaires… et travaille tout particulièrement à la «mise en valeur du cinéma européen et indépendant» sans pour autant délaisser un «cinéma américain, parfois de grande qualité, parfois plus entertainment et mainstream pour le grand public».
Une grande place pour le cinéma grand-ducal
Mais la grande spécificité de vod.lu, qui fait la différence par rapport à des offres internationales, comme celle de Netflix par exemple, est, bien entendu, son ancrage luxembourgeois. Ainsi des 1 674 films disponibles cette semaine sur le site, 222 sont «made in/with Luxembourg» comme on dit désormais dans le milieu.
Des films récents bien sûr, mais aussi certains qu’on pourrait commencer à classer dans la catégorie patrimoine. Et puis, là encore, des courts métrages, des documentaires et des séries. Des productions qui, jusqu’à il y a peu disparaissaient rapidement de la circulation et qui retrouvent ainsi une seconde vie. «On donne la possibilité au public de découvrir ou redécouvrir cette filmographie luxembourgeoise.»
Et ça marche ! Il suffit de jeter un coup d’œil au top des films les plus demandés du moment pour s’en apercevoir. Tout en haut de la liste trône Le Tout Nouveau Testament, de Jaco van Dormael, coproduit par Juliette Films Luxembourg. Et si les deuxième et troisième sont The Divergent Series : Allegiant et Pattaya, Eng nei Zaït de Christophe Wagner pointe à la quatrième place du classement. On y trouve également Baby(a)lone (11e), Doudege Wénkel (14e), Mammejong (18e), Secrets of War (22e), Schatzritter (24e)… ou encore le plus ancien – sorti en 2008 – Inthierryview d’Andy Bausch (25e).
Si les chiffres exacts des locations (pour 48 heures – au tarif allant de 0,99 euro à 3,99 euros) et des ventes (de 6,99 euros à 14,99 euros) sont top secret, les responsables annoncent par contre fièrement le chiffre de 7 000 abonnés. «Une communauté encore restreinte, selon Maxime Lacour, pour qui, c’est encore le début.»
Des utilisateurs qui peuvent noter les films vus, les critiquer, les partager, mais pas débattre avec les autres membres. Des usagers à qui les responsables vont proposer également une sorte de curation, avec des entrées par genre, pays, thème, année, mais également des coups de cœur, des cartes blanches ou encore des offres éditoriales en lien avec l’actualité. Bref, une sorte de cinémathèque en ligne. Le site universcine.be, «frère» de VOD Luxembourg propose, par exemple, en ce moment «Tour du monde : Asie» parmi ses «bons plans», un cycle «classiques du cinéma italien», un «cabinet de curiosités», une sélection «Frederick Wiseman : de 1980 à 1994» et une autre de films «LGBT».
Reste à la plateforme grand-ducale de développer son espace «club» pour l’heure quasi inexistant et à ajouter à son offre pour les cinéphages un abonnement SVOD (Subscription video on demand), autrement dit, un accès illimité à son catalogue. Il devrait voir le jour, «au plus tard au premier trimestre 2017», assure le responsable.
Pablo Chimienti