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Viv Albertine, sex and drugs and punk…


Rockeuse féministe, l'ancienne des Slits se souvient de ses nuits sexuelles et droguées dans le Londres des années 70. (photo Laura Hynd)

Avec « De fringues, de musique et de mecs », Viv Albertine signe une autobiographie envoûtante. Princesse punk et guitariste des cultes Slits, elle s’est toujours considérée en mission «pour changer la vie des filles».

D’abord, on est prévenu : «Pour écrire son autobiographie, il faut être un sacré connard, ou alors c’est qu’on est fauché. Moi, c’est un peu des deux.» Et puis, une première confidence : «Une fois que je m’y suis mise, j’ai quand même parfois réussi à me faire rire et appris quelques petites choses à mesure qu’apparaissaient des motifs que je n’avais pas remarqués jusqu’alors.» Enfin, le livre bouclé et imprimé, un espoir, quand même : «Avec un peu de chance, vous rirez ici où là et apprendrez quelques trucs vous aussi.»

Alors, il ne reste plus qu’à plonger, les yeux fermés (pas commode, c’est vrai, pour la lecture !), dans De fringues, de musique et de mecs de Viv Albertine. Elle est née en Australie; a débarqué à 4 ans au nord de Londres avec ses parents et sa sœur; est, adolescente, devenue la «princesse punk»; a été guitariste de 1976 à 1982 dans le groupe mythique The Slits («Les fentes»), groupe 100% féminin célèbre pour Cut – album dont la pochette représentait les trois filles poitrine nue et le corps recouvert de boue : «C’était choquant pour l’époque, et ça le serait encore aujourd’hui !», pense-t-elle.

Elle a aussi côtoyé la crème de la pop-rock, du glam et du punk version britannique dans les années 1970- 1980. Présenté en deux grandes parties («Face A» et «Face B», normal…), De fringues, de musique et de mecs est un hymne dont le refrain serait «sex and drugs and punk». D’une écriture vive et décomplexée, légère et de temps à autre gentiment choquante, Viv Albertine se raconte. Raconte aussi une époque, des enfants et des ados d’une classe sociale britannique qui bricolait la vie.

Confie : «Quand j’y songe, les figures de la scène punk venaient toutes de familles dysfonctionnelles et se cherchaient.» Avant, au temps de la préadolescence, elle n’en avait que pour John Lennon et surtout Yoko Ono, la femme-muse du Beatles, David Bowie et T-Rex. Elle a tout juste 15 ans quand, avec sa copine Zaza, elle va passer quelques jours à Amsterdam avec l’assentiment de sa mère – le père, lui, s’est tiré quand elle avait 11 ans… Sur place, dans les squats, elle croise ce qu’on appelle des «marginaux». Elle ne touche pas à la drogue, mais ramènera des morpions…

«Les Slits étaient en mission !»

Au fil des pages de cette autobiographie, on croise The Clash, Vivienne Westwood, Malcolm McLaren, Mick Jones, Johnny Thunders (New York Dolls), Johnny Rotten avec qui Viv Albertine eut une expérience sexuelle ratée, Sid Vicious le sulfureux bassiste des Sex Pistols avec qui ce ne fut guère mieux côté sexe… Elle évoque aussi sa mère : «Elle nous a, ma sœur et moi, plutôt encouragées et lâché la bride.» Et c’est ainsi que Viv deviendra la «princesse punk» !

Que, souffrant du complexe d’illégitimité, elle empoignera une guitare, tenue pour le symbole de l’attribut masculin, et en fera une arme d’émancipation avec ses consœurs des «Fentes». «Les Slits étaient en mission, confie-t-elle, pour changer la vie des filles, élargir leur champ des possibles.» Dans les années 1970, des Dolls aux Pistols, c’est le temps du «No Future». Sex and drugs and punk !

Et puis, la vie qui va, les Slits qui se séparent… Le post-punk, ce vide dans lequel s’enchaînent la maladie, la maternité, le mariage (raté), la vie d’ «housewife» (desperate, bien sûr…). Plus tard, Viv Albertine travaillera, comme réalisatrice, pour MTV, la BBC ou encore Channel 4. Guitare portée tel un étendard, elle revient dans le monde de la musique – en septembre 2010, elle contribue à un album hommage à David Bowie avec une reprise de Letter to Hermione, et en novembre 2012, elle sort un album solo, The Border Vermilion. Et c’est ainsi que De fringues, de musique et de mecs est un livre beau, disons, comme un pogo !

De notre correspondant à Paris, Serge Bressan

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