Disparus les murs du musée et les animateurs scientifiques, c’est avec un casque de réalité virtuelle et des manettes que les visiteurs de la Grande galerie de l’évolution sont invités à explorer « l’arbre du vivant », retraçant les liens entre espèces sur 3,5 milliards d’années.
« Certains messages scientifiques sont plus faciles à faire passer avec la réalité virtuelle qu’avec des mots », explique Bruno David, le président du Muséum national d’histoire naturelle de Paris.
Le cabinet de réalité virtuelle de la Grande galerie de l’évolution qui ouvre ses portes samedi au Jardin des Plantes offre, avec sa première application « Voyage au cœur de l’évolution », une plongée au sein de l’histoire évolutive des êtres vivants, représentée en 3D sous la forme d’un « buisson » sphérique.
Le visiteur peut à loisir faire tourner la sphère pour observer 459 espèces, actuelles ou fossiles, représentées dans des bulles en lévitation. Il peut à loisir agrandir l' »arbre » pour se placer en son centre ou au contraire le rétrécir pour le visualiser dans son ensemble.
« Vous pouvez vous promener dans le monde de l’évolution », observe le président du Muséum. « On émerveille le visiteur en lui proposant cette immersion, ce voyage au cœur de l’évolution et en même temps on l’instruit ».
Le visiteur peut également tenter l’expérience plus complexe de suivre le chemin sinueux des liens de parenté entre espèces.
« On peut en plongeant à l’intérieur de la sphère voir quel est le chemin qui a mené jusqu’à l’homme », explique Bruno David. Pareil pour la coquille Saint-Jacques ou l’olivier: à chaque espèce sa trajectoire, toute aussi longue et complexe.
Dinosaure grandeur nature
Au cœur de cet « arbre »? L’ancêtre commun à tous les êtres vivants, LUCA, vieux de 3,5 milliards d’années. De ce point central, un regard à 360 degrés vers la surface de la sphère et les multiples et sinueuses branches du « buisson », donne au visiteur un aperçu de la complexité du processus d’évolution et de la multitude des liens de parenté entre les organismes.
Les liens ne disent pas « qui descend de qui » mais « qui est apparenté à qui », explique Guillaume Lecointre, enseignant-chercheur au Muséum.
Le voyage est rythmé par de surprenantes vérités: à l’échelle des millénaires de l’évolution, les dinosaures ne sont pas si éloignés de nous dans le temps ou le saumon rouge est plus apparenté avec l’homme qu’avec le requin.
Après une introduction des notions scientifiques les plus importantes, les visiteurs ont trois possibilités: explorer les liens de parenté entre certaines espèces choisies par les chercheurs (par exemple le lamantin, le rhinocéros et l’éléphant d’Afrique), naviguer librement au sein de l’arbre ou enfin choisir de se confronter aux images spectaculaires d’un dinosaure, d’un tigre, d’une girafe grandeur nature.
Grâce à la 3D, l’évolution des espèces trouve une représentation en accord avec ce que les scientifiques savent aujourd’hui: l’évolution n’a rien de linéaire.
La sphère illustre également très bien que l’homme n’est pas l’aboutissement ultime du processus de l’évolution des espèces. Ici, insectes, végétaux, bactéries, fauves … forment un tout où le visiteur a parfois de mal à retrouver l’homme d’aujourd’hui.
« L’image de la sphère relativise bien la position de l’homme », explique Bruno David. « Elle montre bien qu’il n’est qu’une espèce parmi des millions d’autres ».
Le Quotidien/ AFP