Venus de France, Belgique, Allemagne ou encore des Pays-Bas, une cinquantaine de disquaires ont investi dimanche les Rotondes, faisant mentir les oiseaux de mauvais augure qui prédisaient la mort du vinyle au XXIe siècle !
On les disait morts et enterrés. Lessivés par les CD, coulés par les pirates qui inondent le web de MP3. Et voilà que l’on se retrouve nez à nez avec un disquaire qui se plaint presque du renouveau du vinyle !
Médéric Keble, du magasin la Face cachée à Metz, parle en effet d’un «revers de la médaille». «Quand j’ai commencé à la Face cachée, en 2004, on ne trouvait pratiquement plus de nouveaux vinyles, il fallait les importer des USA. Depuis, la tendance s’est inversée. Les grosses sociétés, les majors qui avaient jeté l’éponge, ont senti le vent tourner. Le vinyle, tout le monde s’y remet ! C’est devenu un produit hype. Le problème, c’est qu’ils sont vendus dans des supermarchés, à bas prix, en faisant des marges misérables, difficiles à concurrencer.»
Heureusement, les passionnés savent où aller quand ils cherchent la perle rare : chez d’autres passionnés, qu’ils soient amateurs ou professionnels ! D’où le succès grandissant des foires aux disques comme celle organisée aux Rotondes par Médéric et les autres membres de l’association Mets des disques.
Un autre disquaire, qui préfère rester anonyme, abonde : «Le vinyle, c’est une manne ! Certains l’avaient enterré trop tôt, car le vinyle revient en force, c’est clair. Le DJing y est certainement pour quelque chose, avec le rap, la techno, l’électro… Il y a ceux qui aiment l’objet. Faut voir certaines pochettes aussi : des œuvres d’art ! Et puis les puristes, qui ne jurent que par la qualité sonore du vinyle. Et puis il y a un côté vintage que n’ont pas les CD, avec tout le cérémonial quand on met le vinyle sur la platine…»
Dur dur d’être vendeur de CD
Mais qui dit foire aux disques dit, évidemment, compact disc. Et il semble que le CD vieillisse moins bien que le vinyle… Jérôme est disquaire (Marsu-Records) : «Je viens de Dijon, je fais les foires aux disques au Luxembourg, en Hollande, etc. Mes parents étaient disquaires aussi, mais ils avaient un magasin, pas moi, je suis disquaire itinérant. Ce n’est pas facile, c’est quand même plus dur qu’avant, les tarifs ont tendance à baisser.»
Et à qui vend-on encore des CD en 2017 ? «À des passionnés et des collectionneurs !»
Rudy Heep, originaire de Mersch, en fait partie : «Je cherche un groupe qui a le même nom que moi : Uriah Heep. Ils ne sont pas de ma famille, hein !», rit-il. «C’est un groupe anglais des années 60, 70, assez difficile à trouver», poursuit-il. «Moi, je suis content des CD, j’en ai près de 500 chez moi, et je continue d’en acheter.» Qui sait, peut-être que sa collection vaudra de l’or dans quelques années !
Romain Van Dyck