Au programme, copieux, du festival du Film italien de Villerupt, jusqu’au 8 novembre, 56 films. Chaque jour, Le Quotidien vous donne son conseil. Ce mercredi, Prima che la notte (2018) de Daniele Vicari.
L’HISTOIRE. Le journaliste, romancier et intellectuel Giuseppe Fava retourne, après un long séjour à Rome, dans sa ville de Catane, en Sicile, en 1980. Son projet : fonder un journal, I Siciliani, pour lequel il embauche tout un groupe de jeunes gens, dont son fils, Claudio, et Michele Gambino – les deux écriront ensemble le livre sur lequel est basé ce film –, tous décidés à dénoncer la corruption et le crime organisé.
Réalisée pour la télévision, cette biographie raconte les dernières années de la vie de l’intellectuel sicilien Giuseppe Fava, depuis son retour à Catane, après que le film Palermo oder Wolfsburg, de Werner Schroeter, dont il a écrit le scénario, a gagné l’Ours d’or à Berlin, jusqu’à son assassinat au début de l’année 1984.
Une histoire d’antimafia comme il en existe des dizaines, à ceci près que Prima che la notte met en lumière la figure méconnue de Fava et de son travail contre une société corrompue, à l’image de Peppino Impastato, dont la vie avait été portée à l’écran par Marco Tullio Giordana dans I cento passi (2000).
Au-delà du témoignage historique fidèle et sobrement exécuté par Daniele Vicari – réalisateur du film coup-de-poing Diaz (2012) – Prima che la notte veut, à sa manière, poursuivre et élargir le travail de Giuseppe Fava. À une époque où les «fake news» inondent les sites internet et où la confiance dans la presse est lourdement questionnée, Fava, dont l’engagement rappelle aussi celui de Pasolini dans les dernières années de sa vie, est présenté comme une figure modèle.
Il est l’incarnation d’une justice éclairée et responsable, dans une posture de «seul contre tous» parfaite pour le transformer en héros de cinéma, qui prend vie à travers l’interprétation excellente de Fabrizio Gifuni.
Valentin Maniglia
Au Starlight CNA, à 19h