Au programme, copieux, du festival du Film italien de Villerupt, jusqu’au 8 novembre, 56 films. Chaque jour, Le Quotidien vous donne son conseil. Ce jeudi, Favolacce (2020, 1 h 38), des frères D’Innocenzo, au Rio à 10 h 30.
L’HISTOIRE La chaleur de l’été annonce les vacances prochaines pour les familles de cette charmante et paisible banlieue des environs de Rome. Des familles joyeuses, qui parviennent à créer l’illusion de vraies vacances malgré leurs faibles moyens. Des familles normales. Enfin presque. Car leurs enfants vont bientôt pulvériser le fragile vernis des apparences…
Que se passe-t-il au juste dans cette banlieue au sud de Rome? Les parents ont tous plus ou moins le même âge, les enfants aussi. Ceux-ci fréquentent la même école, les adultes sont amis. Mais il y a un mal-être manifeste dans ce quartier : tout le monde semble vivre ensemble, mais les familles semblent isolées, l’été brûlant et interminable paraît hors de tout cadre temporel et géographique…
Les jumeaux Damiano et Fabio D’Innocenzo mettent le spectateur dans une situation d’inconfort palpable dès les premières minutes de ces «sales fables», où les plus âgés rejettent leur frustration sur leurs enfants, qui la traduisent à travers l’obsession constante pour le sexe.
La microsociété dépeinte dans Favolacce est complexe parce qu’elle est floue. La vie de ces familles est un long fleuve ennuyeux : on n’est ni pauvre ni riche, ni heureux ni malheureux. Ça ne plaît à personne, mais tout le monde s’en accommode. Spinaceto est peut-être une banlieue dont on ne peut pas sortir, comme si les personnages étaient coincés dans un épisode de The Twilight Zone.
Les enfants ont perdu leur innocence depuis bien longtemps, mais ont-ils envie de devenir les futurs adultes de cet endroit où l’on cache son mal-être derrière des comportements toujours plus malsains? Comme dans de véritables fables, les frères D’Innocenzo décortiquent la société actuelle à leur sauce, sur le mode du thriller, et les réponses qu’ils apportent sont délicieusement contestataires.
V. M.