La Villa Vauban dévoile la qualité de sa collection et la met en valeur dans «Une promenade à travers l’art», soit une centaine de peintures et quelques sculptures vouées à rester durablement sur les murs du musée.
Dès l’entrée, en s’amusant à donner vie à treize tableaux, alors joyeusement animés, l’artiste Daniel Wangen en dit beaucoup sur les intentions de la Villa Vauban vis-à-vis de sa collection. Depuis presque une décennie, à un rythme régulier, le musée la ranime, la vivifie, la met en évidence, en l’articulant au grès de choix thématiques. Et même si, d’une année sur l’autre, on retombe parfois sur la même peinture, qu’importe, le geste est louable, surtout quand il s’attache à des vertus inclusives (jeunes, handicapés…).
Aux à-coups, la Villa Vauban préfère aujourd’hui la stabilité, à travers sa première exposition permanente, courant sur 300 ans de création artistique : du XVIIe siècle néerlandais en passant par les «endroits rêvés» d’Italie jusqu’à la peinture française du milieu du XIXe. Soir un assemblage d’une centaine de peintures et d’une quinzaine de sculptures – parmi près de 400 œuvres que comptent la collection d’art ancien de la Ville de Luxembourg. Le nouveau parcours squatte lui l’extension contemporaine du lieu – la Villa en elle-même étant réservée aux expositions temporaires.
Un tel accrochage témoigne d’une maturité acquise
Si celles-ci, par la force des choses, prendront moins d’envergure à l’avenir, exposer une collection durablement à d’autres avantages pour compenser : «Un tel accrochage témoigne d’une maturité acquise», annonce par exemple Lydie Polfer, bourgmestre de la Ville de Luxembourg, dans l’ouvrage qui accompagne l’exposition. Il permet aussi de donner du temps aux visiteurs (et aux services de médiation) pour mieux l’apprécier. Et enfin, d’afficher toute la qualité d’une collection qui tient principalement aux choix d’un trio issu de la grande bourgeoisie.
En effet, la base des collections d’art municipales a été posée au XIXe siècle sous la forme de trois donations majeures : en 1855, celle de Jean-Pierre Pescatore, financier à Paris; en 1878, celle de Léon Lippmann, banquier à Amsterdam; en 1903, celle, enfin, d’Eugénie Dutreux-Pescatore, héritière d’une famille d’industriels luxembourgeois. Des œuvres qui, au passage, ont mis de très longues années pour trouver un endroit où se poser (et se montrer). Raison de plus pour mettre désormais le paquet !
Sur deux étages et sept salles – une huitième, à l’accrochage voulu plus flexible et moderne, est consacrée à François Gillen (lire encadré) -, «Une promenade à travers l’art» sort les chefs-d’œuvre, ceux en tout cas que réclame parfois le visiteur au musée : le Jeune Turc d’Eugène Delacroix, le Paysage fluvial de Jan van Goyen, la Chasse au cerf d’Adam Pynacker, les Jeunes Napolitaines de Guillaume Bodinier, Marine de Gustave Courbet, sans oublier les deux superbes vues vénitiennes du Canaletto ou La fête des Rois de Jan Steen. Un autre roi, buveur et stoïque, celui de Mattheus van Helmont, montre que la Villa Vauban affichent également des dons ou acquisitions plus récentes.
Chaque salle est ici placé sous un thème – «L’âge d’or», «Des gens et des lieux», «L’art français autour de 1850»… – dont l’une consacrée à Jean-Pierre Pescatore et aux œuvres issues de la collection de Guillaume II des Pays-Bas. Une dernière, dédiée pour le coup à la peinture maritime, devrait connaitre de régulières alternances, histoire de donner de la place à d’autres œuvres, confinées dans la réserve. Rester à l’ombre serait en effet dommage au vu des efforts déployés par la Villa Vauban pour colorer ses espaces et mettre en lumière, sous des cadres dorés, un héritage qu’elle continue de soutenir vivement.
Grégory Cimatti
«Une promenade à travers l’art – Peintures et sculptures européennes, XVIIe–XIXe siècles». Exposition permanente. Villa Vauban – Luxembourg.
Une salle, plusieurs possibilités
Profitant de ses travaux de rénovation, la Villa a installé, entre ses deux étages, une œuvre monumentale dont la BIL lui a fait don : une mosaïque murale de François Gillen (1914-1997). Sur place, on apprend que l’œuvre a été oubliée lorsque la succursale de la banque, proche de la gare, a fermée. D’où la lourde restauration qui s’est imposée pour remettre des couleurs à ce bel objet – d’ailleurs, seuls 24 panneaux sur 32 ont été sauvés.
Une volonté du musée de valoriser l’espace et de changer d’humeur qui se poursuit dans l’une des salles de l’exposition permanente, pensée pour intégrer des propositions temporaires. D’où cet accrochage d’une quinzaine de petites œuvres de François Gillen, «artiste polyvalent, réputé pour son abstraction géométrique et colorée».
Car, comme le rappelle le musée, si la collection d’art ancien fait valoir près de 400 œuvres, celle qui concerne les artistes du Luxembourg – de la fin du XIXe à aujourd’hui – en compte presque dix fois plus (environ 3 000 œuvres). La Villa Vauban s’autorisera ainsi, à un rythme régulier, de « mettre le focus sur une œuvre, un artiste ou une thématique particulière ».
G.C.