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Villa Vauban de Luxembourg : « Confrontations », ou l’art pour tous


L'exposition "Confrontations" à la Villa Vauban jusqu'au 3 février 2019. (photo DR)

«L’art pour tous!», clame-t-on à la Villa Vauban, qui veut rendre accessibles ses salles au plus grand nombre. Nouvelle démonstration avec «Confrontations», rassemblant des œuvres de sa collection, réunies par paires d’opposés ou en rapprochement. Découverte.

Rendre l’art accessible à tous. L’exposition «Confrontations» à la Villa Vauban développe une approche inclusive de l’art. Pour ce faire, des outils spécifiques ont été développés.

Ainsi, les guides trilingues (français, anglais, luxembourgeois) sont déclinés dans trois versions : une première à destination des familles, une seconde en braille, et la dernière en langage simplifié. Boris Fuge, du musée, développe : «Les documents explicatifs en langage simplifié ne sont pas seulement à destination des personnes déficientes mentales. Ils peuvent aussi aider des personnes qui apprennent la langue, les demandeurs d’asile par exemple, surtout au Luxembourg avec le solde migratoire élevé!»

Au fil de l’exposition, une palette de dispositifs est ainsi à découvrir. Trois maquettes tactiles, produites par une société aixoise, permettent d’abord aux personnes atteintes de cécité de découvrir la structure de certaines toiles. De plus, munis de gants, les visiteurs malvoyants peuvent toucher les sculptures : Mère et enfants de Baltasar Lobo et une reproduction du Penseur d’Auguste Rodin. En outre, des écrans et une application mobile permettent de vivre une expérience enrichie de l’exposition.

La borne photo, une nouveauté!
Cependant, une fois les difficultés physiques surmontées, il demeure une imperméabilité de certains publics à l’art. L’exposition vise ainsi à vulgariser ce dernier et à le réconcilier avec ces personnes toujours réticentes. Boris Fuge s’amuse : « »Confrontations », c’est un « science center » de l’art.»

Il poursuit : «On a développé une approche ouverte. Normalement, dans les musées, il y a une section art contemporain, XIXe ou XXe siècle. Ici, on a osé confronter des sujets différents pour expliquer des principes de base de la création artistique.»

«Comment l’artiste passe-t-il d’une peinture à une gravure?», «Comment une copie est-elle réalisée?», «Comment les grandes traditions picturales ont-elles évolué?»… La confrontation s’entend ici dans un sens pluriel : contradiction, familiarité, ironie…

Des thèmes qui parlent à tous

L’exposition délivre des «niveaux de lecture différents. Chacun est libre de choisir son rythme, son degré de profondeur pour sa visite personnelle», indique-t-il encore. Aussi généraliste soit-elle, l’exposition propose aux visiteurs du quasi sur mesure. La sélection d’œuvres hétéroclites issues de la collection du musée est déclinée sous différents aspects, exempli gratia : «voyages et charmes de l’Italie», «hommes costumés», «historicisme et tableau vivant»…

En pratique, la Venise du XIXe siècle est confrontée à une vision contemporaine de la ville. Plus loin, un couple chaste est opposé à un couple frivole ou encore des bovins en pâturage à un bœuf dépecé. La salle «musée des enfants» s’adapte, elle, physiquement et intellectuellement aux plus jeunes. Classiquement, les toiles les surplombent. Ici, elles sont à leur hauteur de vue. Les thèmes évoqués les concernent : l’école, les jeux, la musique…

Une borne photo – une nouveauté! – permet aux enfants, déguisés, de se prendre pour les protagonistes de la toile Enfants vendus par des pirates. Confronter pour mieux casser les codes, les préjugés : l’exposition «Confrontations, Un musée pour tous» rompt avec la vision étriquée et ségréguée de l’art. Cependant, à trop vouloir élargir, il arrive parfois de se perdre – manque de cohérence entre les salles, œuvres déjà vues et revues… Mais saluons néanmoins la démarche positive.

Mathilde Ledroit

Confrontations, à la Villa Vauban jusqu’au 3 février.