Moins de comprimés pour traiter le VIH, un implant efficace un an pour éviter une contamination… La conférence scientifique sur le sida (IAS) qui s’achève mercredi à Mexico a été l’occasion de présenter plusieurs améliorations pour la vie des patients et la prévention chez les personnes à risque.
Depuis quelques années, la notion de traitement préventif, ou prophylaxie pré-exposition (PrEP), a révolutionné la prévention contre le virus du sida. Proposée aux populations à risque (homosexuels ayant des rapports non protégés, prostitué(e)s…), la prise d’un médicament antirétroviral pour éviter d’être contaminé a prouvé son efficacité mais reste contraignante.
L’approche française d’une PrEP « à la demande », où l’on prend le traitement non pas en continu mais avant chaque rapport à risque, est désormais intégrée comme une « option » dans les recommandations de l’OMS.
L’étude ANRS Prévenir, présentée à Mexico par le Pr Jean-Michel Molina, pionnier de la PrEP, confirme l’efficacité et la tolérance « très satisfaisante » des deux méthodes. A l’avenir, on pourra peut-être même obtenir le même résultat grâce à un implant à « action prolongée ». Le premier essai chez l’homme, qualifié par l’IAS de « préliminaire mais prometteur », a établi après 12 semaines d’utilisation qu’il était bien toléré et qu’il délivrait la dose prévue de médicament.
Selon son auteur, chercheur pour le laboratoire américain Merck & Co, l’implant pourrait continuer à diffuser une dose suffisante pendant « au moins un an ». De nouvelles études devront être réalisées pour montrer si cet implant offre bien le même niveau de protection contre le VIH que la prise orale de médicament.
La conférence a aussi été l’occasion de confirmer l’acceptation et l’efficacité de la PrEP par anneau intravaginal qui diffuse un médicament antirétroviral, le dapivirine, pendant un mois. « On est en train de créer de nouveaux outils qui s’adaptent aux réalités vécues par les populations », a salué Anton Pozniak, président de l’IAS.
Des progrès du côté du vaccin
Si elle n’est pas pour demain, la perspective d’un vaccin progresse aussi. Un essai clinique de phase II mené au Kenya, au Rwanda et aux Etats-Unis a montré la bonne tolérance d’un de ces candidats-vaccins, développé par Janssen (groupe Johnson & Johnson).
Cela ouvre la voie à un essai de phase III, portant cette fois sur son efficacité. De nombreux projets cherchent aussi à alléger le quotidien des patients séropositifs et à réduire le coût de leur traitement tout en maintenant le virus en sommeil. Les injections d’antirétroviraux devraient ainsi permettre dès 2020 de remplacer les comprimés quotidiens par une piqûre toutes les semaines.
Une autre piste présentée à l’IAS consiste à ne pas prendre la trithérapie tous les jours mais un jour sur deux, voire moins. L’étude française Quatuor menée par l’Agence nationale de recherche contre le sida (ANRS), dévoilée mercredi à Mexico, conclut ainsi que la prise de comprimés quatre jours sur sept permet de conserver le même niveau d’efficacité. La réduction de la « charge médicamenteuse » des personnes porteuses du VIH pourrait aussi passer par le passage à deux molécules (bithérapie) plutôt que trois, selon deux études également présentées mercredi. De nouvelles données ont été présentées concernant l’utilisation de l’antirétroviral dolutegravir (DTG) chez les femmes enceintes et en âge de procréer.
Ce médicament, commercialisé par ViiV Healthcare (groupe GSK) sous le nom Tivicay et sous formes génériques, était sur la sellette depuis l’an dernier après la publication d’une étude au Botswana mettant en évidence des risques de malformations du cerveau et de la moëlle épinière chez les enfants de femmes traitées avec cette molécule.
Ces résultats avaient provoqué un dilemme car le DTG est l’un des meilleurs traitements contre le VIH actuellement sur le marché, plus efficace et plus simple à utiliser que d’autres médicaments, provoquant moins d’effets secondaires et moins susceptible d’entraîner le développement de résistances. Les études complémentaires présentées cette semaine tendent à montrer que le risque de malformations est finalement « moins élevé que signalé l’an dernier », note l’IAS.
Sur cette base, l’OMS « recommande fortement le dolutegravir comme choix de traitement préféré contre le VIH », y compris chez les femmes en âge de procréer, « en raison des énormes bénéfices qu’il apporte ». L’organisme international souligne dans le même temps l’importance d’informer les femmes des risques et de leur donner accès aux services de planification familiale.
LQ/AFP